Après un long processus mis en branle il y a quatre ans, l'ancienne maison mère des soeurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie, située au 1420 boulevard Mont-Royal, devrait sous peu changer de vocation. Le groupe immobilier Catania a lancé cette semaine le projet Château Maplewood et mis en vente les 49 premières unités.

La transformation de l'ancien couvent en un luxueux complexe en copropriété sera très verte, puisque les travaux seront effectués de façon à obtenir l'exigeante certification écologique LEED. Au coeur des préoccupations: le respect du vaste immeuble, construit en 1924 et 1925, la préservation de la chapelle, l'une des plus fastueuses construites au Québec, et la mise en valeur de l'environnement. Aucun édifice ne sera ajouté sur la propriété, située sur le flanc nord du mont Royal.

«Les modifications seront faites principalement à l'intérieur du bâtiment, qui conservera son intégrité architecturale, assure Michel Lauzon, architecte et designer urbain, associé principal chez Lemay associés, responsable du projet. Un des défis sera d'en augmenter l'efficacité énergétique, en remplaçant notamment les fenêtres. On travaillera aussi l'enveloppe du bâtiment pour la rendre plus performante.»

En tout, 142 appartements en copropriété, d'une superficie moyenne de 2700 pieds carrés, seront aménagés dans l'édifice, en forme d'hexagone. Les espaces publics seront regroupés dans la section centrale, baptisée «l'aile Maplewood». La chapelle, avec son orgue de la maison Casavant et les tableaux de soeur Jérôme-de-la-Croix, qui sera ouverte au public une fois par mois, se trouve au troisième étage. Le hall d'entrée, une piscine, une salle d'exercice, un spa et un bistro occuperont notamment le rez-de-chaussée.

De part et d'autre sont situées deux ailes en forme de U, qui entourent chacune une vaste cour intérieure, qui sera transformée en jardin. La section est, qui s'appellera «l'aile Mont-Royal», sera métamorphosée en premier. Des changements seront effectués sur les façades qui donnent sur la cour intérieure, afin d'augmenter l'apport de lumière naturelle dans les appartements.

Plusieurs des modifications apportées, qui ne seront pas visibles de l'extérieur, viseront à rendre l'ancien édifice institutionnel moins austère, indique André Fortin, président et directeur général de Catania. «On y parviendra notamment par le biais de l'aménagement paysager, précise-t-il. Environ 70% des surfaces asphaltées, comme les aires de circulation, le débarcadère et le stationnement extérieur disparaîtront pour faire place à la verdure. Grâce aux jardins qui seront créés, aux toitures vertes, aux bassins de rétention d'eau et aux stationnements souterrains, l'édifice s'encastrera dans la montagne.»

Les prix des appartements s'échelonnent entre 750 000$ et 7 millions, pour des superficies variant entre 1300 et près de 6000 pieds carrés. La clientèle cible? Des acheteurs qui habitent à Outremont, Mont-Royal et le Golden Square Mile, prêts à aller en copropriété. Une clientèle internationale est aussi visée. «C'est le plus bel édifice sur la montagne, prêt pour une reconversion, estime M. Fortin. Les vues seront spectaculaires de tous les côtés.»

La transformation de l'édifice, qui a fait l'objet d'une consultation publique l'an dernier, est loin de faire l'unanimité. L'immeuble est encore la propriété de l'Université de Montréal, qui en a fait l'acquisition en 2003. Sa vente à Catania est conditionnelle à l'adoption de la réglementation nécessaire à la réalisation du projet.

Après quatre ans de négociations avec la Ville de Montréal, l'arrondissement d'Outremont, le Comité consultatif d'urbanisme de l'arrondissement et le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, le promoteur souhaite obtenir son permis avant les Fêtes pour commencer les travaux au début de l'an prochain.

«Par ce projet, le promoteur montre qu'il est d'une autre génération que celle que nous devions combattre dans les années 80», indique Dinu Bumbaru, porte-parole d'Héritage Montréal, impliqué dans le dossier depuis que les soeurs ont cherché à se départir de la propriété, il y a 10 ans.

«Cette nouvelle génération pose des questions plus tôt dans le processus, apprécie-t-il. Elle se préoccupe de la mise en valeur et la revitalisation des édifices pour leur donner une seconde vie, dans le respect de leur architecture et du paysage.»

D'autres établissements situés sur le mont Royal sont appelés à changer de vocation au cours des prochaines années, rappelle Alan DeSousa, responsable des parcs au comité exécutif de la ville de Montréal. «Plusieurs institutions désirent poursuivre leur croissance hors de la montagne, dit-il. Le défi pour la Ville est de favoriser la protection du patrimoine tout en donnant une autre vocation à ces immeubles d'une grande valeur. Ce n'est dans l'intérêt de personne d'avoir de grands édifices barricadés et fermés. Un processus de réflexion est déjà entamé.»

Illustration fournie par Catania

La grande majorité des modifications apportées ne seront pas visibles de l'extérieur. Les cours intérieures seront ainsi transformées en jardins. Des changements seront de plus effectués sur les façades qui donnent sur les cours intérieures, afin d'augmenter l'apport de lumière naturelle dans les appartements.