S'accumulent souvent dans nos logis nombre d'objets qui n'ont d'autres utilités que d'agrémenter notre décor ou d'évoquer quelques souvenirs. Éparpillés un peu partout, ils sont là pour nous rappeler certaines personnes, des rencontres ou des moments privilégiés.

C'est lors d'une longue convalescence que l'artiste Gilbert Poissant se sent confronté à son encombrante accumulation d'objets, amassés pendant plus de 30 ans sans raison précise. Que doit-il en faire? Il passe près de s'en débarrasser. Mais il optera pour l'autre extrême : exposer l'attirail pour lequel il avait indéniablement une affection. «Une collection d'objets non nobles, comparativement aux collections habituellement mises en valeur», explique-t-il.

Ustensiles de cuisine, outils, art populaire, art africain, blocs de jeux de construction pour enfants et autres objets non identifiables se côtoient dans cette large collection éclectique de 600 pièces, majoritairement en bois. De cette rétrospective découle une «oeuvre-mémoire» mettant en relief l'architecture et le temps.

L'exposition Le jeu du collectionneur, présentée au centre MATERIA jusqu'au 31 octobre, est à la fois ludique et structurée. Gilbert Poissant, céramiste de formation, reconnu pour sa contribution à l'art public - une de ses murales orne d'ailleurs les murs de l'École nationale d'administration publique à Québec - , a méthodiquement classé ses objets en ordre de grandeur, pour les afficher sur le mur, sur un support tout en transparence.

L'artiste de Mont-Saint-Hilaire présente sa collection comme son «alphabet», sa matière première. Il s'en sert pour «écrire» d'autres oeuvres. Le jeu du collectionneur se divise en effet en quatre parties : la collection originelle et trois de ses déclinaisons.

Paysage urbain fictif

L'installation murale a donc été deuxièmement transposée en une série de blocs, taillés en traçant les contours de chaque pièce de la collection, pour élaborer Le jeu de construction/oeuvre interactive. Ces formes de bois ont ensuite été disposées de manière à construire un paysage urbain fictif, inspiré par la tradition moderniste des jeux d'architecture.

Ensuite vient Shadows, un jeu d'ombres sous forme de frise architecturale, qui évoque les sil- houettes de chacun des objets de la collection. Ces pièces en porcelaine noire ont été réorganisées par M. Poissant, afin de susciter d'autres idées avec son alphabet personnel, en créant de nouvelles formes rappelant les hiéroglyphes.

La dernière partie, Objets choisis, est composée de représentations en bas-relief de porcelaine de certaines pièces de la collection. «Pas besoin d'utiliser toutes les lettres pour écrire!» illustre le céramiste.

Le centre MATERIA (395, boulevard Charest Est) est ouvert du mercredi au dimanche de 12h à 17h, et le jeudi de 12h à 20h. L'entrée est libre.

Photo: Laetitia Deconinck, Le Soleil

Pendant une longue convalescence, l'artiste s'est senti confronté à son accumulation d'objets.