Le confessionnal d'église, c'est plutôt intimidant pour la plupart des gens. Ce lieu fermé où on avouait ses péchés demeure sacré, voire mystérieux, même aujourd'hui. Mais aurait-on pensé qu'un jour il pourrait servir à autre chose qu'à la confession?

Cette année, le Comité du patrimoine Saint-Jean-Baptiste a fait preuve d'audace en proposant de monter une exposition estivale dans trois confessionnaux de l'église Saint-Jean-Baptiste, et ce, jusqu'à l'Action de grâce. Les visiteurs sont invités à se présenter les samedis et dimanches de 11h à 17h pour un court pèlerinage dans le temps.

«Au départ, les marguilliers se sont montrés réticents à l'idée d'ouvrir les confessionnaux au grand public, avoue Carole Jacques-Savaria, présidente du Comité du patrimoine, mais le contenu éducatif du projet les a finalement convaincus.»

Sous le thème des souvenirs d'enfance, l'exposition met en scène trois sections : la vie scolaire, les fêtes religieuses et les jeux et jouets. Chaque partie du confessionnal est ainsi mise à profit. Celle des pénitents, savamment éclairée, sert de vitrine aux objets du passé alors que l'espace réservé au prêtre a été transformé en cabine de visionnement où le visiteur s'assoit à la place du confesseur pour voir défiler une vidéo commentée. Et avouons que le seul fait d'occuper le siège de M. le curé est une expérience en soi.

«En outre, la plupart des objets que nous présentons ont été prêtés par des paroissiens», signale Éliette Pouliot, vice-présidente du Comité du patrimoine. Sa famille y a même contribué en fournissant des photos anciennes, des images pieuses, des mouchoirs brodés et même une recette de sucre à la crème. «La petite communiante tout en blanc sur cette photo, c'est ma soeur, déclare fièrement Mme Pouliot. À l'époque, elle devait avoir six ou sept ans.» Plus loin, des boules de Noël peintes à la main évoquent la nativité. Et les surplis que portaient les petits servants de messe nous ramènent au décorum des grandes cérémonies religieuses. À ces images se superposent des odeurs de camphre, de camomille, de sapin.

De plus, les témoignages enregistrés sur vidéo sont authentiques. «On les a recueillis auprès de résidants du quartier pendant l'année 2008-2009», indique Mme Savaria. C'est d'ailleurs un des éléments qui rendent l'exposition touchante, car on y raconte tout bonnement l'histoire des écoliers, celle de leurs enseignants, le déroulement des fêtes religieuses dans les années 50 ainsi que les après-midi en famille où on jouait à des jeux de société, à la cachette, au bilboquet.

En une trentaine de minutes, les visiteurs ont un aperçu des habitudes de vie des résidants du faubourg Saint-Jean-Baptiste sur une période d'environ 30 ans, soit de 1920 à 1955. Mais à l'époque, faut-il rappeler que la paroisse était le noyau de la communauté. «Le dimanche l'église était toujours bondée», se souvient Mme Pouliot. Et l'église Saint-Jean-Baptiste était considérée comme un chef-d'oeuvre architectural. Elle fut d'ailleurs classée monument historique en 1991.

Or pour faire découvrir les richesses de l'église, le Comité du patrimoine de Saint-Jean-Baptiste organise depuis l'an 2000 des expositions thématiques en collaboration avec la Ville de Québec et le ministère de la Culture. Aidé d'une ethnologue, le Comité cherche à mettre en valeur différentes facettes du quartier qui se conjuguent avec l'histoire de l'église construite à partir de 1882 jusqu'en 1886. On dit que l'architecte Joseph-Ferdinand Peachy, qui en a dessiné les plans, s'est largement inspiré de l'église Trinité de Paris pour l'extérieur. Par contre, les piliers intérieurs sont sur le même modèle que l'église Notre-Dame de Paris alors que la voûte est celle de l'église Saint-Sulpice. En plus d'une architecture remarquable, le mobilier de marbre a été réalisé par les ateliers Daprato d'Italie entre 1920 et 1927.