Bromont, en Estrie, dans le secteur le plus champêtre. Sur une terre fertile de 150 acres, trois maisons familiales -- qui éventuellement seront quatre ou cinq -- nichent discrètement dans les vallons qui courent entre les monts Sutton, Jay-Peak et Pinnacle. Les résidents sont liés par un contrat de co-propriété divise qui contient d'inusitées clauses de production agricole. Quel oiseau rare, du point de vue des pratiques rurales comme du droit de propriété! Le Hameau de la Colline du chêne, conçu par quatre familles dans un esprit de développement durable, pourrait bien faire école. Ses habitants y voient ni plus ni moins qu'un laboratoire à l'intention des générations futures.

Une maison santé ... Li Harnois et Pierre Vinet ont minutieusement peaufiné chaque aspect de cette maison qui leur ressemble, avec la complicité professionnelle de l'architecte André Bourassa, dessinateur de maisons saines depuis 20 ans et président de l'Ordre des architectes du Québec.

Au premier coup d'oeil, une impression enveloppante se dégage du toit aux « cassés normands » (pointe du haut tronquée) et des murs nains de l'étage (quatre pieds avant de rencontrer la pente du toit). Les murs extérieurs -- pierre et pruche-- et le toit --aluminium gris-- présentent une couleur naturelle. «Nous apprécions tellement la beauté du décor, nous ne voulons pas la perturber par notre présence», explique Li.

Outre l'orientation plein sud et la masse thermique qui maximisent le chauffage solaire passif, la maison présente quelques originalités écologiques, par exemple un petits puits géothermique situé... dans la salle mécanique, à l'intérieur même de cette maison construite sur le roc, sans cave ni sous-sol.

Le système, de la compagnie Géothermix, est constitué de 5 trous de trois pouces de diamètre et de 100 pieds de profondeur, avec chacun deux tuyaux de cuivre, pour récupérer la chaleur des profondeurs du sol. L'eau chauffée circule dans les planchers de toute la maison en une dizaine de boucles indépendantes, afin de pouvoir contrôler la température dans chaque pièce. Il en résulte une facture d'électricité très faible, soit 570$ de chauffage électrique pour une maison de 2700 pieds carrés habitables. Les plinthes électriques, posées au cas où dans les chambres d'invités du haut, n'ont jamais servi. On chauffe aussi au bois (qui ne coûte ici que l'effort de le ramasser), avec un poêle dans la salle à dîner et un foyer dans le salon (certifiés EPA, il va sans dire). L'électricité est requise pour le compresseur, mais le couple vise l'autonomie énergétique par une éolienne, éventuellement.

Autre caractéristique inusitée: la maison n'a pas de pare-vapeur de polyéthylène. «La maison est étanche à l'air mais les murs favorisent l'élimination de l'humidité, explique André Bourassa. On installe le matériau le moins diffusant du côté intérieur et le matériau le plus diffusant du côté extérieur. On évite ainsi de trapper l'humidité dans le mur.

Climatisation naturelle

Comme l'ossature est en bois, «c'est très important d'avoir une masse thermique importante pour stabiliser la température», souligne André Bourassa. La maison Vinet-Harnois se passe de climatisation en été. Elle est cependant munie d'un échangeur d'air récupérateur de chaleur performant (compagnie EdenAir).

L'eau potable provient d'un puits et les eaux grises - douches, cuisine - sont traitées par un système de la compagnie Bionest : deux fosses, une de décantation et une autre avec un bioréacteur sur treillis. «On a prévu de récupérer les eaux grises pour les toilettes, mais le raccord n'a pas encore été fait.»

La chambre des maîtres, au rez-de-chaussée, adossée au côté nord, reçoit de l'est les rayons du soleil levant. Un interrupteur coupe l'électricité pour annuler tout champ électromagnétique la nuit. Sous le lit, le plancher est libre de tubulure chauffante, car l'eau circulante produit un courant tellurique tenu pour troubler le sommeil. Devant la fenêtre, qui donne sur un futur petit jardin zen, un espace pour la méditation et la contemplation.

Un test involontaire

La salle de bain du rez-de-chaussée, dont la porte vitrée donne sur le jardin zen, voisine la salle mécanique. Comme le bruit du compresseur n'est guère compatible avec la détente, les propriétaires ont installé un interrupteur. Sauf qu'une fois... ils ont oublié de remettre le contact après le bain. «On était en plein hiver et la maison n'a pas été chauffée de la semaine, relate Li. C'était juste un peu frais, en entrant. Ç'a été un bon test, on était contents de voir que la maison s'était bien comportée.»

À l'étage se trouvent deux chambres à coucher et une salle de bain. Les Harnois-Vinet veulent y accueillir les enfants de la famille, les amis ou même des parents vieillissants.