«Ma femme a tout de suite vu le potentiel de cette maison, que nous avons achetée en 2006», relate Richard Pinchuck, propriétaire, avec Anna-Maria Griffin, d'une vaste résidence à Westmount, l'une des cinq maisons «coup de coeur» de l'Opération patrimoine architectural de Montréal, mouture 2009. «Nous aimons les maisons anciennes», appuie Anna-Maria, décoratrice de profession. Le couple en est à sa deuxième demeure dessinée par l'architecte Robert Findlay.

La Ville de Westmount témoigne de leur ardeur restauratrice, doublée du respect méticuleux du style Tudor d'origine. «Les nouvelles fenêtres ont des croisillons véritables et les proportions appropriées», fait valoir Joanne Poirier, directrice du service d'aménagement urbain.

 

À peine franchi le seuil de la double porte d'entrée avec imposte, flanquée de massives lanternes, déjà l'oeil se délecte partout où il se pose. Le plancher du portique est une fine mosaïque avec un lacis d'arabesques blanches sur fond noir. Il a été rénové, assure la maîtresse des lieux, visiblement éprise d'authenticité. Dans cette maison cependant, on ne voit guère la différence entre ce qui est ancien et ce qui est refait. Les deux planchers de bois franc neufs, par exemple, ont la même apparence que les autres.

Un carreau de la Sun Life

Une porte munie d'un vitrail rectangulaire, à la vitre pas très lisse et faiblement ambrée dans son armature de plomb, mène du portique au hall de l'entrée. «Ce petit carreau était brisé, pointe Anna-Maria au bas de la fenêtre. L'artisan l'a remplacé par un verre exactement de même facture, qui provient de l'édifice de la Sun Life.»

Des moulures à la jonction des murs et du plafond déploient partout leurs rondes bosses blanches ou leurs lignes droites, toutes de plâtre et non de bois. Un spécialiste a consacré deux ou trois mois à temps plein à leur restauration, travail auquel s'est ajouté le manteau de cheminée de la salle à manger, un petit bijou de plâtre blanc, lui aussi. L'artiste Nicole Brisson (entreprise Les nouvelles teintes), pour sa part, a rafraîchi les boiseries. L'escalier du vestibule soulève l'admiration, avec ses marches d'érable teinté brun s'élargissant en arcs de cercle dans le bas, ses contremarches blanches et la beauté classique de son limon blanc rehaussé de petites moulures.

Le toit, en cuivre et tuiles d'ardoise, «tuiles qu'on trouve seulement à deux endroits au Canada», souligne Richard Pinchuck, a été réparé. Les boiseries et le crépi blanc extérieurs, l'intérieur des deux foyers (salle à manger et salle familiale), et la salle de bains au plancher en mosaïque de marbre ont été restaurés.

Une cour et sa salle d'eau

La cour arrière, grande pour un terrain citadin, a été dotée de deux terrasses et d'une grande piscine creusée. Une nouvelle salle d'eau a été aménagée en volant un peu de surface au garage. Ni grande ni trop petite, elle enchante comme l'Italie, avec son lavabo de marbre blanc comme un quart de sphère poussé sur le mur, son plancher de mosaïque «panier tressé», sa niche pour les serviettes et, fidèles au poste, ses impeccables moulures de plâtre blanc.

«C'est une maison pensée pour la famille, dit Anna-Maria, avec salle de cinéma, salle d'exercice et assez d'intimité pour les enfants.» Ces derniers, un garçon et une fille de 20 et 21 ans, ont chacun leur chambre à coucher avec salle de bains et chambre d'ami ou de détente.