Rue Dalhousie à Québec, la Caserne de technologies scénographiques de Robert Lepage. On passe devant, en toute innocence. Sans se rendre compte qu'à gauche, il y a un parement en fibre de verre, sur une hauteur de 35 pieds, assuré par des barres d'acier galvanisé. Il paraît faire corps avec le reste de l'immeuble. Mais ce n'est qu'une impression.

Dans le livre Architecture contemporaine à Québec (Les Publications du Québec, 2002), écrit sous la supervision de Martin Dubois, consultant en architecture et en patrimoine (société Patri-Arch), on le décrit comme une «peau en fibre de verre imitant, tel un trompe-l'oeil, les détails d'ornementation de la façade, à la façon d'un décor de théâtre».

 

Extraordinaire, dit-il au Soleil, d'avoir pu attacher la facture et l'esprit du parement à l'utilité «scénographique» de la Caserne. Et de croire qu'il est, lui aussi, de brique et de pierre.

En 1997, il y a eu nécessité d'agrandir la Caserne, latéralement. La Ville de Québec a voulu que la maçonnerie, la tôle, les corniches et autres ornements soient scrupuleusement «continués». Ce, avec d'authentiques matériaux. Mais les architectes Jacques Plante et Marc Julien ne voulaient pas faire du «faux vieux». Il fallait que l'ajout témoigne de la vitalité architecturale de la fin du siècle. Ils ont persuadé la Ville de faire une façade factice qui allait en même temps exprimer la vocation nouvelle de l'immeuble. Elle allait durer longtemps et tenir tête aux intempéries. À ces fins, ils ont eu l'aide de Martin Beausoleil, maître dans la facture de décors.

Il fallait que celui de la Caserne paraisse vrai, même à distance de nez. On a pris l'empreinte de l'immeuble, à droite, déjà constitué de pierre et de brique. Des moules ont été faits. De la fibre de verre, imbibée de résine de polyester, a été versée sur les compositions de couleur. C'est ainsi que le parement a été fait. «Lorsque vous y passerez, propose Martin Dubois, engagez le tête derrière. Voyez, en somme, l'envers du décor, Touchez respectueusement, constatez l'épaisseur du mur. Et la finesse du trompe-l'oeil. Repérez les parties, de l'autre côté, qu'il reprend jusque dans le moindre détail. C'est fascinant.»