Dans le Plateau Mont-Royal, Éloïse Corbeil et Stéphane Dion ont fait appel à l’architecte Henri Cleinge pour agrandir et moderniser leur ancien duplex. Aujourd’hui, le couple et ses deux fillettes (Salomé et Éva, que l’on voit sur la photo) profitent d’un cottage spacieux au style radicalement contemporain.

Dans le Plateau Mont-Royal, Éloïse Corbeil et Stéphane Dion ont fait appel à l’architecte Henri Cleinge pour agrandir et moderniser leur ancien duplex. Aujourd’hui, le couple et ses deux fillettes (Salomé et Éva, que l’on voit sur la photo) profitent d’un cottage spacieux au style radicalement contemporain.

 Le salon est vertigineux (19 pieds de hauteur) et une très large baie vitrée a été réalisée en façade, côté rue. À l’extérieur, une brique anthracite foncé – un choix avant-gardiste – a été privilégiée tandis qu’à l’intérieur, l’acier, le béton et le verre sont « réchauffés » par du bois de charpente récupéré du bâtiment existant. >> Visitez la maison en compagnie de Lucie Lavigne dans la vidéo suivante:

 

 

>> Visitez la maison en photos.

 La venue de Salomé, aujourd’hui âgée de 4 ans et demi, a poussé Éloïse Corbeil et Stéphane Dion à transformer leur duplex du Plateau Mont-Royal en cottage. Bonne nouvelle, en mars 2007, Éloïse a de nouveau été enceinte. « Avec l’arrivée d’Éva, nous avons décidé de poursuivre les travaux d’agrandissement et d’engager un architecte », explique la copropriétaire.

 De son côté, Stéphane Dion, adepte d’architecture contemporaine, avait déjà repéré une source d’inspiration : une résidence de la rue Saint-Urbain découverte notamment dans les pages du cahier Mon Toit, en avril 2005. C’était (l’ancienne) maison d’Henri Cleinge. « J’avais trippé sur ses planchers en béton, avoue-t-il. Et sa maison me plaisait beaucoup. Je l’ai donc embauché ! »

 En gros, les désirs du couple se résumeraient en deux mots : plus d’espace et de lumière. Stéphane Dion a profité de l’occasion pour réaliser son envie d’architecture moderne faite de lignes droites et de formes rectilignes. « J’en avais assez des planchers croches », soupire-t-il.

 Éloïse, adepte des vieilles maisons et des boiseries, n’a pas tout de suite pris conscience du dépouillement de son futur cottage. « Au début des travaux, je ne réalisais pas vraiment combien moderne allait être ma maison », admet-elle. Le choc a eu lieu lors d’une visite de chantier. « Il n’y avait que du gypse et du béton. Ouf ! L’espace était totalement vide. Pendant un instant, je me suis sentie dans la salle d’exposition d’un concessionnaire automobile. Heureusement, l’arrivée du bois (les madriers) m’a rassurée et c’est à ce moment que j’ai adopté le contemporain ! » raconte-t-elle.

 Son conjoint précise qu’il a fallu mettre beaucoup d’effort pour obtenir un intérieur aussi dépouillé. Pour éviter les colonnes, ils ont dû solidifier la structure avec de l’acier. Aussi, un sous-sol a été creusé.

 Quant aux enfants, ils bénéficient (sans le savoir) des avantages d’une telle architecture. Raison ? La grande baie vitrée en façade illumine leur salle de jeu située à l’étage et délimitée par un garde-corps complètement vitré.

 « On aurait pu aménager la salle de jeu au sous-sol, mais on aime sentir la présence des enfants », explique Éloïse Corbeil.

 Sans compter que de très grandes fenêtres (typiques de l’architecture moderniste et contemporaine) donnent lieu à d’instructives conversations entre enfants et parents. « À la tombée du jour, Salomé cherche à savoir où s’en va le soleil et, au coucher, elle demande pourquoi la lune ne s’allume que la nuit », confie la mère.

 Bémol, des volumes généreux, comme ce salon au plafond vertigineux de 19pi (5,79 m) de hauteur, ont un inconvénient : l’écho. « Lorsqu’il y a plusieurs enfants dans la maison, les rires et les cris sont franchement amplifiés, avoue Éloïse Corbeil. Je préfère alors qu’ils aillent s’amuser dans le sous-sol. »

 « Les surfaces dures, le béton, le verre et du gypse posé au plafond réfléchissent le son », reconnaît Henri Cleinge. Solution ? Du tapis et des textiles, du bois, des matières texturées ou des surfaces à angles multiples diminuent l’effet d’écho, précise l’architecte.

Quand peut-on être contemporain?

 Tout le monde n’a pas la possibilité de moderniser la façade de sa demeure, dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal. Le couple Éloïse Corbeil et Stéphane Dion a pu le faire en raison de deux particularités. D’abord, le bâtiment existant était en recul par rapport à l’alignement général de la rue (en fond de lot). Ensuite, la façade avait perdu ses composantes d’origine (escalier, balcon, portes, fenêtres, etc.).

 Précision : un bâtiment en fond de lot qui aurait ses caractéristiques d’origine ou qui présenterait un intérêt architectural ne pourrait être transformé radicalement.

 Et qu’arrive-t-il avec la construction d’une maison neuve sur un terrain vacant ? L’architecture contemporaine est favorisée. « Les architectes ont ainsi la possibilité de créer le patrimoine de demain », note Mme Claude Laurin, chef de division de l’urbanisme, du patrimoine et des affaires publiques de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal.

 Et si une construction neuve est précédée d’une démolition? « Qu’il y ait démolition ou non, le règlement sur les plans d’implantation et d’intégration architecturale encourage les nouvelles constructions au langage contemporain », dit François Contant, architecte à l’arrondissement.

 Règle générale, les façades des bâtiments doivent conserver leurs caractéristiques architecturales d’origine, enchaîne Claude Laurin. Lors d’une rénovation, ces composantes sont obligatoirement remplacées par des éléments de mêmes motif, forme et dimensions que ceux d’origine. Ainsi, une fenêtre à guillotine en bois peut être remplacée par une fenêtre en aluminium, mais son fonctionnement (guillotine) doit rester le même. Autre exemple : une brique d’argile rouge doit être remplacée par une brique semblable, excluant celle en béton.

« Depuis 2004, la protection du patrimoine architectural touche tout le Plateau Mont-Royal », souligne Claude Laurin.

 Mais où peut-on exprimer librement sa passion pour l’architecture actuelle dans l’arrondissement ? « Nous considérons que l’arrière d’un édifice existant est un lieu où la personnalité du propriétaire peut s’exprimer. Seuls quelques règlements, telle la hauteur des clôtures, doivent être respectés, termine la spécialiste.

 Bref, c’est à l’arrière de chez soi qu’il est possible de s’offrir une baie vitrée de 17 pieds et de la brique anthracite !

Photo François Roy, La Presse

Stéphane Dion, 36 ans, Éloïse Corbeil, 34 ans, et leur petite Éva, 15 mois, dans le salon dont le plafond atteint 19 pieds (5,79m).