Dessinée par l’architecte Jacques Rousseau, la maison Coloniale, située à l’angle de l’avenue Coloniale et de la rue Marie-Anne, au coeur du Plateau Mont-Royal, n’a jamais cessé de passionner les architectes et d’ébouriffer les passants. Vingt ans après le début de sa construction, les propriétaires actuels, Alice Redahl et Ronald Smith, avec leur petite Raphaëlle, nous ont ouvert les portes de leur résidence d’exception.En compagnie de Jacques Rousseau, ils nous ont raconté comment ils avaient adapté l’habitation à leurs besoins tout en préservant les idées innovatrices de l’architecte.

Dessinée par l’architecte Jacques Rousseau, la maison Coloniale, située à l’angle de l’avenue Coloniale et de la rue Marie-Anne, au coeur du Plateau Mont-Royal, n’a jamais cessé de passionner les architectes et d’ébouriffer les passants. Vingt ans après le début de sa construction, les propriétaires actuels, Alice Redahl et Ronald Smith, avec leur petite Raphaëlle, nous ont ouvert les portes de leur résidence d’exception.En compagnie de Jacques Rousseau, ils nous ont raconté comment ils avaient adapté l’habitation à leurs besoins tout en préservant les idées innovatrices de l’architecte.

 >> Multimédia: faites une visite guidée de la maison avec Lucie Lavigne.

 Propriétaire excentrique ou toqué d’architecture anticonformiste? Ronald Smith n’est ni l’un ni l’autre. Ce pilote d’essai a acheté la maison Coloniale en 1998 parce qu’il aimait son emplacement, au coeur du Plateau-Mont-Royal à proximité des services et des espaces verts. Autre avantage: la fenestration de la maison, du côté de la rue Marie-Anne, laisse entrer la lumière à flots. Sans compter que le décloisonnement exceptionnel de l’espace l’enchante.

 N’empêche, pour le commun des acheteurs, cette maison ressemble à un ovni: toutes les pièces sont dépourvues de porte – incluant la salle de bains! –, l’aménagement intérieur est inachevé, une partie des planchers ne touchent pas les murs et les espaces de rangement sont rarissimes.

 Jacques Rousseau explique: la maison Coloniale n’est pas une maison, mais un manifeste. «J’ai tenté d’exprimer mon idée de l’architecture urbaine», dit-il. En clair, cet édifice s’avère un condensé de ses réflexions sur la relation entre l’architecture et la ville.

 «Extrêmement riche en contenu, on ne finira jamais de l’analyser», enchaîne Philippe Lupien, professeur en design de l’environnement à l’UQAM et animateur de l’émission télé consacrée à l’architecture résidentielle Visite libre. «Je ne saisis peut-être pas tous les concepts de l’architecte, mais il y en a un qui me plaît beaucoup: la cuisine et la salle à manger complètement fenêtrées, confie Ronald Smith. Le jour, nous admirons le théâtre de la ville sans être vus alors que le soir, c’est la ville qui observe notre théâtre.»

 Petit à petit, les occupants adaptent la maison Coloniale à leurs besoins sans toutefois la dénaturer. Ils ont déjà transformé quelque peu les planchers et installé de petits murets et des treillis de plastique afin d’assurer la sécurité de leur enfant et celle des invités. Éventuellement, ils poseront du bambou dans les pièces et aménageront plus de rangement. Surtout, une porte sera installée dans la salle de bains! «Je me considère comme le gardien de la maison, dit fièrement Ronald Smith.

Une oeuvre singulière

 L’architecte Jacques Rousseau raconte que c’est l’un de ses voisins qui a planté le premier plan de vigne près des fondations de sa maison. Il lui avait dit, sans mettre de gants blancs: « Toé, pis ta cr... de prison ! »

 Admirée ou détestée, la maison Coloniale continue, 20 ans après le début des travaux, à provoquer des réactions extrêmes. Les architectes (et leurs étudiants) ne cessent de s’y intéresser alors que parfois, certaines personnes manifestent leur aversion. «On me dit que c’est la plus belle maison du quartier ou c’est la plus affreuse. C’est très polarisé, mais je ne me préoccupe pas de ce que les gens pensent», confie Ronald Smith, le propriétaire.

 Commentaire de l’architecte de l’arrondissement? «Tout ce qui est novateur choque, mais la maison Coloniale, malgré son langage architectural contemporain, s’intègre au bâti environnant. Un triplex rénové avec de la brique rose est-il mieux intégré», demande François Contant, architecte préposé à la planification pour l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal.

 Selon ce professionnel, une réplique de la maison Coloniale pourrait être construite en 2008. «Dans sa récente réglementation, l’arrondissement encourage l’architecture contemporaine», révèle-t-il.

 D’ailleurs, le Plateau a identifié la maison Coloniale comme étant un témoin architectural significatif. Pourquoi? «Elle est unique!» conclut M. Contant. 

Photo Martin Chamberland, La Presse

Dans la salle à manger, on voit les propriétaires Ronald Smith, pilote d'essai, et Alice Redahl, pilote de ligne, avec leur fille Raphaëlle, âgée de 6 mois. À leurs côtés, Jacques Rousseau, le concepteur des lieux. Du bambou recouvrira prochainement le plancher de cette maison en constante évolution.