Question : Quelle est la résidence la plus photographiée à Québec après le Château Frontenac?

Question : Quelle est la résidence la plus photographiée à Québec après le Château Frontenac?

Réponse : Le Conservatoire, un ensemble architectural situé au 30, rue Saint-Denis, dans le Vieux-Québec.

Cet immeuble qui ouvre la perspective de la rue Saint-Denis, près de l'escalier de la rue Sainte-Ursule, a la réputation incontestée d'être le point de vue le plus fréquenté par les photographes. Les postes canadiennes ne s'y sont pas trompées en émettant, en 1968, un timbre de 1 $ à l'effigie du Conservatoire et de la rue Saint-Denis.

Cet ensemble est signé Edward Staveley. Il est érigé sur la rue la plus élevée du Vieux-Québec, presque au niveau du complexe de la Citadelle qui lui fait face. De là, le coup d'oeil est étourdissant.

Il a été restauré de façon exemplaire, en 1990, par l'architecte George W. Leahy, de la firme Côté Leahy Cardas. Il s'est d'ailleurs mérité le prix de la Commission d'urbanisme pour son «intégration remarquable à la trame urbaine».

Claudel Huot a photographié Québec sous tous les angles, hiver comme été. Il confirme que le Conservatoire et la rue Saint- Denis, vus du glacis de la Citadelle, est l'image la plus demandée dans sa banque de photos.

De Staveley à Leahy

Les quatre corps de bâtiment des anciens conservatoires de musique et d'art dramatique abritent aujourd'hui 11 unités résidentielles (condos) de prestige. L'histoire mouvementée de cette construction raconte 150 ans et plus de la vie du Vieux-Québec.

George Leahy a beaucoup publié sur l'architecture du Vieux-Québec. Il connaît bien l'histoire locale, la grande et la petite. Il raconte qu'au début du XIXe siècle, ce coin de ville s'appelait The Cape. Il était habité en majorité par une population anglophone et protestante qui se faisait construire des maisons qui ont encore du cachet.

En 1865, cette communauté demande à l'architecte Edward Staveley de lui construire une école à sa mesure. Ce sera le Quebec High School, un ensemble à l'architecture néo-gothique.

Acquis par le gouvernement du Québec, le Quebec High School devient le Conservatoire de musique, en 1944, puis le Conservatoire d'art dramatique. Dès 1941, l'école anglaise s'était installée sur la rue Belvédère.

Dans la nuit du 20 au 21 février 1986, un violent incendie détruit en partie l'oeuvre de Staveley. Trois ans plus tard, l'architecte George Leahy achète la bâtisse laissée dans un état lamentable par la Société immobilière du Québec. Avec sa firme, il entreprend de redonner une troisième vie à l'édifice historique.

Un sauvetage in extremis

Quand l'architecte se porte acquéreur de l'ancien conservatoire de musique, cela fait trois ans que l'ensemble est à vendre au plus offrant. Personne ne veut de cette bâtisse lourdement endommagée par le feu.

George Leahy éprouve une tendresse particulière pour les lieux. Il n'accepte pas de voir disparaître un si beau meuble du patrimoine de la cité. D'autant plus qu'il y a étudié la musique.

Il achète le tout pour la somme de 175 000 $. La restauration nécessitera un investissement de 3,7 millions $. Elle a été saluée unanimement depuis par le milieu de l'architecture d'ici et d'ailleurs.

L'architecte résume en quelques mots une intervention triple : «Il nous a fallu restaurer deux corps de bâtiment, reconstruire à l'identique le troisième et construire de toutes pièces en l'intégrant une quatrième partie pour former un tout cohérent et respectueux de l'oeuvre de Staveley».

Les maçonneries anciennes des murs, les ouvrages de bois ou de pierre ornant les portes et les fenêtres ont été pour la plupart sauvegardées. Le portique d'origine du Conservatoire a aussi été sauvé.

Une des caractéristiques de l'ancien Quebec High School se trouve dans la forme gothique de ses fenêtres dont la principale mesure 26 pieds de hauteur. Autre originalité : l'emploi de pierres de grès vert comme parement. L'architecte a pu récupérer ces précieuses pierres de grès lors de la démolition de la chapelle de l'hôpital Courchesne. Une mission impossible et pourtant réussie.

 

Photo Jean-Marie Villeneuve, Le Soleil

La grande fenêtre gothique mesure 26 pieds de haut et date du milieu du XIXe siècle.