M. Grenier a acheté il y a 12 ans cette maison dessinée par l'architecte Raoul Chênevert, en 1932. En plus de concevoir les plans de plusieurs résidences, M. Chênevert a dessiné ceux de l'hôtel Clarendon, de l'édifice Honoré-Mercier sur la colline parlementaire, de l'ancien bureau de poste voisin de la gare du Palais, ainsi que ceux de la maison Gomin, dans l'arrondissement Sainte-Foy-Sillery.

M. Grenier a acheté il y a 12 ans cette maison dessinée par l'architecte Raoul Chênevert, en 1932. En plus de concevoir les plans de plusieurs résidences, M. Chênevert a dessiné ceux de l'hôtel Clarendon, de l'édifice Honoré-Mercier sur la colline parlementaire, de l'ancien bureau de poste voisin de la gare du Palais, ainsi que ceux de la maison Gomin, dans l'arrondissement Sainte-Foy-Sillery.

L'entrepreneur général Jos Cauchon a été le premier à occuper le 930, Grande Allée Ouest. Puis, Paul Gourdeau, propriétaire du Domaine Gourdeau à l'île d'Orléans, l'a racheté en 1970. En 1996, c'est à contrecoeur qu'il s'est départi de cette demeure de 20 pièces devenue trop grande pour lui et sa conjointe. «C'était l'une des plus belles maisons de Québec, lance M. Gourdeau. C'est comme un petit château. On a adoré y habiter.»

C'est aussi avec un pincement au coeur que le couple Grenier a décidé de vendre la résidence de quatre niveaux au prix de 4 250 000 $. D'autant plus qu'il lui avait fallu 20 ans pour mettre la main sur ce bien tant convoité. «Nous avions vu cette maison antique 20 ans avant de l'acheter, se rappelle Odette Grenier. La femme de M. Gourdeau n'était pas prête à vendre.»

Tour du propriétaire

C'est par l'entrée des domestiques que Le Soleil a pénétré à l'intérieur. La maison a été conçue de façon à ce que les serviteurs et les occupants ne se croisent jamais, sauf pour le travail. Une salle à manger au rez-de-chaussée était réservée au personnel. De là, les employés utilisaient un escalier qui les menait à leurs appartements, dans les combles : quatre chambres, une toilette et une salle de repassage.

Le couple Grenier et leurs quatre enfants occupaient tout l'espace. Mais le premier propriétaire, Jos Cauchon, aimait beaucoup donner des réceptions. Avoir des employés était donc essentiel.

M. Cauchon recevait ses invités au sous-sol. Un foyer de marbre permettait de réchauffer le plancher de terrazo semblable à celui de plusieurs écoles primaires.

Retour vers le passé

Les boiseries d'acajou - et Dieu sait qu'il y en a -, les rideaux et les tringles qui les soutiennent, les luminaires et le mobilier n'ont subi aucune modification au fil du temps. «On espère que le prochain propriétaire prendra soin des lieux», confie Rénald Grenier.

Le temps semble s'être arrêté au XIXe siècle dans cette résidence de style victorien. Le papier peint aux motifs lignés ou fleuris est très présent. Dans la salle à manger, des poutres en bois s'entrecroisent au plafond. Plusieurs pièces du mobilier (vaisselier, buffet et table) ont été fabriquées sur mesure. Impossible d'en trouver des pareils chez l'antiquaire.

Un film d'époque pourrait être tourné à cet endroit. Surtout dans la salle à manger, où les sombres boiseries qui recouvrent les trois quarts des murs et l'imposant mobilier de cuisine nous plongent dans l'ambiance d'un roman de Jane Austen. Le décor austère est idéal pour une partie de Clue : qui a tué, dans quelle pièce, avec quelle arme?

La fenestration est abondante dans toutes les pièces. Un puits de lumière inonde l'escalier menant à chacun des étages.

Dans la salle de bains attenante à la chambre principale, au premier étage, l'utilisateur peut s'examiner sous tous les angles. Les murs et le plafond sont en miroirs. Le lavabo de monsieur, celui de madame et la baignoire sont faits de marbre blanc importé d'Italie. Jos Cauchon a mis 12 ans pour trouver tout le marbre nécessaire.

«J'ai vraiment beaucoup de respect pour ceux qui ont bâti cette maison, dit Rénald Grenier. Elle est encore bonne pour 1000 ans.» Cette construction, dont les murs de béton armé sont recouverts de brique, puis d'un revêtement de granit, est à l'épreuve de tout... même du temps qui passe.

 

Photo Érick Labbé, Le Soleil

Dans la salle à manger, des poutres d'acajou s'entrecroisent au plafond. Plusieurs pièces du mobilier (vaisselier, buffet et table) ont été faites sur mesure.