Le toit plat est apparu à Montréal vers 1875, au moment où la révolution industrielle attirait des milliers de travailleurs qu'il fallait loger. De nouvelles techniques, mises en application dans les villes ouvrières du nord de l'Angleterre, ont répandu l'utilisation de la toiture recouverte de couches de feutre, d'asphalte, de goudron et de gravier dans les habitations de type duplex construites en série, notamment dans les quartiers Saint-Henri et Centre-Sud.

Le toit plat est apparu à Montréal vers 1875, au moment où la révolution industrielle attirait des milliers de travailleurs qu'il fallait loger. De nouvelles techniques, mises en application dans les villes ouvrières du nord de l'Angleterre, ont répandu l'utilisation de la toiture recouverte de couches de feutre, d'asphalte, de goudron et de gravier dans les habitations de type duplex construites en série, notamment dans les quartiers Saint-Henri et Centre-Sud.

 «Auparavant, on construisait des maisons en série d'inspiration française avec un toit à deux versants ou à mansarde que l'on retrouvait dans les villages en périphérie de Montréal (hors du Vieux-Montréal) qui ont été par la suite absorbés par la grande ville. Dans les quartiers densément peuplés, ces bâtiments présentaient un danger certain pour les passants à cause de la formation durant l'hiver de glaçons meurtriers qui se détachaient des toitures», raconte Bernard Vallée, dont l'organisme L'Autre Montréal offre des visites guidées des quartiers depuis 1980.

 Le duplex ouvrier se présentait sous la forme de deux maisons mitoyennes plus larges que profondes avec escalier intérieur dont l'entrée donnait directement sur le trottoir, souvent percé d'une porte cochère menant aux dépendances de la cour arrière, où l'on retrouvait les écuries, parfois un poulailler, et les «backhouse» communément appelées «bécosses». Le resserrement des conditions d'hygiène consécutif à l'installation des réseaux d'aqueduc et d'égout a fait disparaître ces écuries et ces «bécosses» qui ont fait place à des logements en arrière-cour, vite tombés en désuétude en raison des risques d'incendie.

 Bien que la façade soit généralement sobre avec revêtement de briques et parfois de pierres, on retrouve souvent une belle corniche de bois ou de tôle avec une grande variété de motifs, des balcons supportés par des consoles de bois ouvrés ou ajourés en éventail.

 Le triplex

 De son côté, le triplex à toit plat est apparu vers 1890 en même temps que les premières ruelles (pour des raisons de sécurité en cas d'incendie) et la nécessité de densifier l'habitation avec le développement de la ville.

 «Ce qui fait la particularité du triplex montréalais, c'est qu'il est bâti en retrait du trottoir pour faire entrer la lumière du jour et qu'il est doté d'entrées indépendantes avec escaliers extérieurs (pourtant mieux adaptés aux pays sans neige), mais qui est en quelque sorte un compromis entre le désir des entrepreneurs de sauver de l'espace pour la partie habitée et la préoccupation du monde religieux de l'époque d'éviter la promiscuité des cages d'escalier communes intérieures et les chicanes de locataires relatives à l'entretien et aux odeurs de cuisine», souligne M. Vallée.

 Parmi ses autres caractéristiques, signalons que la maison de trois étages de brique ou de pierre est faite en longueur plutôt qu'en largeur, dotée de longues galeries vers l'arrière, propices au commérage, et d'un hangar à débarras, qu'elle prévoit des balcons individuels (pour imiter la maison bourgeoise), une décoration éclectique avec ses corniches en tôle ouvragé, ses balustrades en fer forgé à motif et ses vitraux que l'on commande par catalogue. Généralement les rez-de-chaussée sont habités par des cols blancs et la décoration intérieure est plus recherchée avec la présence de moulures en bois.

 Pour en savoir plus: www.autremontreal.com