Les architectes de la firme ABCP ont quitté leurs bureaux de Saint-Roch. Ils ont «franchi la limite psychologique» du boulevard Langelier pour s'installer, en juillet, dans l'ancien édifice de l'Armée du Salut. Leur présence dans Saint-Sauveur pose les jalons de l'ennoblissement du quartier.

Les architectes de la firme ABCP ont quitté leurs bureaux de Saint-Roch. Ils ont «franchi la limite psychologique» du boulevard Langelier pour s'installer, en juillet, dans l'ancien édifice de l'Armée du Salut. Leur présence dans Saint-Sauveur pose les jalons de l'ennoblissement du quartier.

Là où il y avait des gros conteneurs pleins de vêtements usagés, il y aura un jardin à l'été. «Être branché sur l'urbain et y participer», comme le formule l'architecte Bernard Serge Gagné, c'est une somme de gestes symboliques : dîner dans un jardin aménagé le long d'un boulevard, travailler à la vue des passants dans un édifice amplement vitré, stimuler la curiosité des voisins avec un mur d'acier corrodé et des gros géraniums alignés le long d'une fenêtre.

 Dans les années 60, l'édifice abritait une banque. Les architectes ont profité de sa belle hauteur pour construire une mezzanine à structure d'acier où sont installés les postes de travail de l'atelier. En démantelant le plafond, ils ont révélé des poutres d'acier qu'ils ont laissées apparentes. La salle de réunion en nid d'aigle embrasse le début du quartier Saint-Roch.

Mais c'est dans le hall que le visiteur aura la plus grande surprise : un mur d'acier roux autoportant qui sert de paroi au sculptural escalier en porte-à-faux. «En se corrodant, il va acquérir une patine qui le fera ressembler à de l'ardoise», explique Bernard Serge Gagné, l'un des deux patrons du bureau de Québec d'ABCP Architecture et Urbanisme.

 

L'an dernier, ABCP a d'ailleurs obtenu le prix de l'Institut canadien de la construction en acier. Et il est finaliste, cette année, aux Prix d'excellence de l'Ordre des architectes du Québec, dans la catégorie des projets de recyclage - reconversion architecturale.

Le développement durable a donné le ton à ce projet. «L'acier contient beaucoup de matières recyclées, fait valoir M. Gagné. La scrap d'auto s'en va dans l'acier.» De leurs anciens bureaux de l'édifice de La Fabrique, les architectes ont aussi récupéré des plinthes de contreplaqué russe, des montants de métal et des étagères.

 La lumière démocratisée

Puis, ils ont «démocratisé la lumière». Dans tous les bureaux, à tous les niveaux, la lumière naturelle s'immisce partout, grâce aux hautes fenêtres plein nord du rez-de-chaussée et grâce aux parois de verre qui servent de balustrade à la mezzanine. Bernard Serge Gagné sent ses effets bénéfiques sur le rendement et le moral de ses 22 collègues. Même le sous-sol reçoit sa petite dose de lumière naturelle, en raison des blocs de verre posés sur le plancher du hall, au-dessus.

Dans cet environnement épuré, les interventions ont été «minimalistes». Mais pour le «patron», le développement durable, c'est plus que l'usage de certains matériaux. Les êtres humains comptent. Ainsi, les architectes et les techniciens ont travaillé ensemble à ce projet, dans une «démarche participative» qui a stimulé leur sentiment d'appartenance. Chacun a été invité à donner ses idées et à poser un regard critique sur l'évolution des plans.

Pour susciter des échanges avec les passants et les voisins, les architectes afficheront dans leurs vitrines des planches de leurs projets. Et ils planteront dans leur jardin des arbres et des fleurs dont tout le quartier profitera.

Photo fournie par ABCP

De manière originale, des blocs de verre au plancher laissent passer la lumière dans l'atelier secondaire, au sous-sol. Une plaque d'acier sert de paroi au sculptural escalier en porte-à-faux.