Un particulier de la rue Crémazie, à Québec, travaillant à la transformation d'une pièce adossée à son logement qui servait autrefois de chambre de chauffage au charbon et à l'eau chaude, découvre dans un mur, arrangé simplement, un pan de vieux journaux à peine jaunis.

Un particulier de la rue Crémazie, à Québec, travaillant à la transformation d'une pièce adossée à son logement qui servait autrefois de chambre de chauffage au charbon et à l'eau chaude, découvre dans un mur, arrangé simplement, un pan de vieux journaux à peine jaunis.

Il s'agit d'exemplaires du Soleil de juillet 1918, que l'occupant, Yves Duchesne, a soigneusement détachés et réunis dans un volume. Le réduit, ainsi que l'a vu le journal, est en dénivelé par rapport au plancher du rez-de-chaussée. «C'était pour le retour de l'eau refroidie des radiateurs, puis l'ascension et la circulation de l'eau chaude», explique M. Duchesne. Car il est dans la nature des choses que l'eau froide tombe et que l'eau chaude monte.

Derrière l'endroit où se trouvait la fournaise, le mur, donnant sur la cuisine du temps, était stratifié des matériaux que voici : tôle, carton mince, journaux sur au plus 1/8 de po d'épaisseur, planches embouvetées et légèrement roussies - ce qui donne à penser qu'il y eut, à l'époque, un début d'incendie - , une chambre d'air avec montants et traverses, puis un treillage horizontal de lattes de bois caparaçonné de plâtre ou de ciment.

La maison de quatre niveaux, admirablement conservée et entretenue, a été construite en 1911. Dans l'annexe, toujours en décroché, de chacun se trouvait un appareil de chauffage. «On hissait les sacs de charbon au moyen d'un cordage à poulie. La potence, encore présente au étage, en témoigne», déclare M. Duchesne. Par la suite, à la faveur du progrès, les quatre fournaises ont été remplacées par un système central au charbon logé au sous-sol, plus tard au mazout.

À présent, l'immeuble, qui appartient à la famille Duchesne depuis au moins trois générations, est chauffé à l'électricité. M. Duchesne ne peut dire si le propriétaire du temps, inquiet du début d'incendie qui a eu lieu contre le mur, a voulu, avec la tôle, composer une barrière coupe-feu. Ce qui serait, de nos jours, impossible. Car les assureurs aussi bien que les services de prévention des incendies s'y opposeraient énergiquement. Des vieux exemplaires du Soleil, il en a aussi trouvé, mais déchiquetés, au-dessus de la lisse d'assise de la maison, mêlés cependant à de la jute ou de l'étoupe. Ensemble, ils agissaient comme coupe-bise.

Bran de scie

Conseiller technique à l'Association provinciale des constructeurs d'habitations (APCHQ) de Québec, Guy Simard est porté à penser que le papier journal (du bois, dans son essence même) trouvé sur la lisse avait pour objet d'empêcher les fuites et entrées d'air. Encore que la bourre était tout de même, par radiation, conductrice de froid. Quant au bran de scie dont on remplissait souvent les murs autrefois, il constituait, d'après M. Simard, un isolant en raison de l'air qui s'y trouvait. Dès qu'il se tassait, tout en laissant la partie supérieure à découvert, il était coupe-bise, mais conducteur de froid.

Par ailleurs, continue le conseiller technique, quand on est propriétaire d'une maison très ancienne, il ne faut pas nécessairement croire à l'urgence d'améliorer son isolation ou de changer les fenêtres. D'abord, il faut colmater les fuites. Afin que les lieux ne soient plus une passoire. Quant aux fenêtres, il faut calfeutrer seulement le tour du châssis intérieur. Celui de l'extérieur, non. Autrement, sans circulation d'air «entre», il y aura formation de givre contre les vitrages «à travers lesquels on ne verra plus grand-chose». «Rien qu'en colmatant les fuites, en verra déjà une grande différence. On se sentira plus confortable», suppose M. Simard.

Dans les maisons bâties avant 1921, comme celle où habite M. Duchesne, on dénombrait, selon l'Agence de l'efficacité énergétique du Québec, 10,9 changements d'air par heure. Autant dire qu'elles respiraient bien, mais coûtaient cher en énergie pour le chauffage. Actuellement, on en est rendu à 0,3, soit moins de un changement par trois heures. «Par contre, pour être admissible à la certification Novoclimat, le nombre de changements ne doit pas dépasser 2,5. Il n'est donc pas interdit de faire mieux», rappelle Marc Vaillancourt, président de la société de construction Maurice Bilodeau Inc. de Saint-Rédempteur.

Mais pour un renouvellement de l'air vital dans nos maisons, si étanches désormais, et pour en chasser l'humidité excessive, elles doivent être assistées d'un poumon mécanique tel un échangeur d'air ou un ventilateur récupérateur de chaleur (VRC).