Après presque deux ans de recherches, une famille a mis la main sur un lot montréalais, constitué d’une maison jouxtée par une ancienne remise. Le petit terrain du Plateau Mont-Royal avait des contours irréguliers, mais c’est ce qui a permis d’y caser une pièce de plus, tout en y intégrant une cour, explique l’architecte Thomas Balaban. Visite d’un projet qui a pris le parti de célébrer ses irrégularités pour en faire un lieu unique.
La maison en tant que telle n’est pas grande, bien qu’elle compte deux niveaux et un sous-sol. Au rez-de-chaussée, on trouve l’entrée ainsi que les deux chambres, séparées par une salle de bains. Un grand escalier en acier mène soit au sous-sol, où a été aménagée une petite cave à vin, ou à l’étage, où se déploient les espaces de vie dans une aire relativement ouverte. « C’est quand même assez serré, affirme l’architecte Thomas Balaban. On ne voulait pas défaire la structure existante. L’enceinte a dicté un peu l’aménagement des différentes pièces de la maison. »
Un arbre précieux
Heureusement, le terrain comptait aussi, sur le côté, une ancienne remise à voitures centenaire — qui a probablement servi de garage — et une petite cour. L’architecte a choisi d’y construire un ajout connecté à l’étage de la maison existante, qui semble flotter dans les airs, et qui laisse toute la place au jardin au rez-de-chaussée. Un agrandissement au sol avec une toiture végétalisée aurait aussi pu fonctionner, mais ils ont préféré faire l’inverse, notamment pour préserver l’arbre mature qui se trouvait sur le terrain.
« L’arbre était un bel élément dans le paysage de la rue. Ç’aurait été vraiment dommage de commencer à creuser des fondations et de l’enlever », souligne Thomas Balaban.
La présence de cet arbre contribuait aussi au rythme un peu édenté de la rue, dû à l’irrégularité du lot et au fait qu’il n’y a pas de ruelle derrière. « De temps en temps, il y a un espace, un petit quelque chose qui manque… Il y avait un élément assez beau à cette sorte de trou avec un arbre, un petit jardin secret, et on ne voulait pas perdre cet aspect-là », poursuit l’architecte.
On avait une condition quand même assez rare à Montréal et on ne voulait pas l’effacer.
Thomas Balaban, architecte
Minimalisme
Puisqu’au second niveau, on trouve déjà la salle à manger, la cuisine et un petit bureau, c’est donc le salon qui a trouvé sa place dans l’agrandissement de 300 pi2. Entrecoupé de fenêtres et de vues sur les arbres (puisqu’il y en a un aussi derrière), l’espace est comme un petit cocon soulevé dans les airs.
L’ajout, tout comme le reste de la maison, est fait de matériaux bruts. « C’est minimaliste, dans le vrai sens du terme, soutient Thomas Balaban. On a du contreplaqué, de l’acier, du béton, c’est une approche vraiment minimale. »
En effet, on trouve ces planchers de béton partout dans la maison, et les murs sont recouverts de contreplaqué (sauf dans l’extension). « On avait cette belle structure qui existait déjà, donc on cherchait quelque chose avec un peu de caractère. Le contreplaqué était presque parfait pour le revêtement des murs », affirme Thomas Balaban, en précisant qu’architecte et clients aimaient son côté chaleureux sans être trop chic.
Sur ces murs de bois ont été exposées plusieurs pièces de la collection d’art des propriétaires. « Il manquait des murs à la fin pour l’ensemble de leurs toiles ! lance l’architecte en riant. Les couleurs des œuvres contrastent bien avec le contreplaqué et avec l’ouverture des fenêtres. »
Lors de la démolition, ils ont aussi été agréablement surpris (oui, cela arrive parfois) : « Il y avait une super belle structure de toit, qui est celle d’origine, et qu’on a laissée apparente », note M. Balaban. Le superbe plafond exhibe même toujours ses croix de Saint-André, c’est-à-dire les petits contreventements entre les solives. L’ensemble s’harmonise parfaitement au style plus industriel du reste, et rappelle aux occupants tout le charme d’autrefois de leur maison.
Consultez le site de TBA (Thomas Balaban)