Comment rénover une maison centenaire sans la dépouiller de son cachet d’époque ? On peut rarement se tromper lorsqu’on s’inspire des éléments existants pour créer du nouveau. C’est ce qu’ont fait les architectes de _nature humaine, dans le réaménagement rondement mené d’un appartement du quartier de la Petite-Bourgogne.
Michèle Beaudin a fait appel à Stéphane Rasselet, cofondateur de la firme d’architecture, pour rénover le logement où sa fille vit avec ses deux jeunes enfants au rez-de-chaussée d’un quintuplex. Mme Beaudin et sa famille, qui ont acquis le bâtiment il y a plus de 20 ans, ont toujours été soucieuses de préserver et d’entretenir les éléments d’époque joliment travaillés. Mais le temps était venu de rendre l’appartement plus pratique pour une famille, avec davantage de lumière, moins de cloisons et plus de rangement.
« Parmi les éléments essentiels, on voulait garder le cachet de la maison d’antan, tout en la rendant plus fonctionnelle, bien sûr », résume Michèle Beaudin.
Conserver des éléments d’époque
Alors, par où commencer pour rénover une maison qui date des années 1920 ? « Le défi principal du projet a été de conserver des éléments d’époque : les boiseries, les moulures en plâtre, les radiateurs d’origine », lance d’emblée Stéphane Rasselet. Le multiplex compte aussi de superbes vitraux qui ont été bien entretenus au fil des années.
Donc l’idée, c’était d’arrimer l’ancien plus classique avec une intervention contemporaine.
Stéphane Rasselet, cofondateur de la firme d’architecture _nature humaine
Pour baser leur concept, ils ont examiné les éléments existants pour voir comment ils pouvaient s’en inspirer. « Il y a tout un travail de mosaïque dans le vestibule d’entrée avec des insertions de petites tuiles vert pâle, poursuit l’architecte. Donc ç’a été un des éléments pour le choix de notre couleur. » D’où le vert tirant sur le sauge qu’on retrouve un peu partout dans le projet, des armoires de cuisine au placard du couloir.
Mais ce n’est pas tout, la douce forme courbe dont sont dotées ces armoires a aussi été induite par un détail d’époque, soit la rondeur des moulures. « L’introduction des formes arrondies, ça vient un peu des moulurages d’origine », poursuit Stéphane Rasselet, faisant notamment allusion à l’arche et à la colonnade entre le salon et la salle à manger. « Donc on a voulu travailler tout en rondeur à partir de ces éléments. »
La forme courbe se retrouve aussi dans une autre intervention contemporaine, soit la cloison ajourée entre la cuisine et la salle à manger. Là où il y avait autrefois un mur, les architectes ont voulu faire passer la lumière qui venait de la cuisine vers l’avant de la maison. Puisque les occupants souhaitaient préserver un peu d’intimité entre les pièces, un claustra a été ajouté, soit une cloison ajourée faite de baguettes de pin peintes en blanc.
« Le claustra vient structurer l’espace un peu plus, tout en conservant la lumière, qui filtre comme un écran », affirme Stéphane Rasselet. La division joue aussi le rôle d’élément graphique, en quelque sorte. D’ailleurs, cette cloison ajourée se poursuit sur le mur latéral de la salle à manger. « Ça vient créer un effet de rythme vertical dans l’espace, et rajouter un peu de texture sur les murs. »
Les petits détails qui comptent
Le reste du cachet, on le retrouve dans les petits détails : par exemple, la baignoire sur pattes qui a été conservée et qui trône dans la salle de bains désormais moderne, ou encore les radiateurs d’origine. Ceux-ci ont été décapés et repeints, mais on ne les a pas reconnectés sur un système à eau chaude ; ils sont plutôt devenus électriques.
Le dernier détail — qui n’est pas insignifiant — concerne les petits plafonniers en laiton dans les quatre coins du salon, dont il n’était pas question de se débarrasser. « En ce qui concerne les lampes architecturales, on est allés avec des modèles classiques de Lambert & fils, qui reprennent un peu le laiton des plafonniers qu’on a restaurés », précise Stéphane Rasselet.
« On les aimait bien et on les avait toujours préservées, les quatre petites lumières du salon en laiton, ajoute Michèle Beaudin. On s’est demandé si on les enlevait, mais finalement, on a décidé de les garder. » Créer du nouveau en rappel de l’ancien, un leitmotiv qui s’est répété pour tout le projet, dans les grands comme les petits détails.
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