Parents de jumelles, l’architecte Catherine Gauthier et son conjoint, André Veronneau, rêvaient d’agrandir leur maison de vétérans à Verdun. Avec des idées précises en tête, ils se sont tournés vers la firme APPAREIL Architecture, qui a imaginé un agrandissement reprenant les codes du bâtiment original. Résultat : un ensemble architectural cohérent basé sur le concept de maisons sœurs.
Catherine Gauthier et André Veronneau ont foncé sur l’occasion lorsqu’ils ont vu qu’une maison de vétérans d’un coin tranquille de Verdun était à vendre en 2016. « Je viens d’ici, dit André. Ce quartier près de l’eau a toujours été un peu à part. On l’appelle le Westmount de Verdun. Après avoir été un moment déserté, car plus personne ne voulait de ces petites maisons, on y retrouve aujourd’hui beaucoup de jeunes familles. »
Ce type d’habitat préfabriqué a été conçu pour répondre à une crise du logement pendant et après la Seconde Guerre mondiale en formant des villages, ancêtres des banlieues de bungalows actuelles. La demeure de la famille Veronneau, construite en 1947 pour un soldat, était en bon état, mais ne correspondait pas aux attentes des parents de petites jumelles.
Après avoir vécu trois ans dans un immeuble des environs, ils se sont tournés vers Kim Pariseau, fondatrice d’APPAREIL Architecture, pour réfléchir avec elle à leur futur lieu de vie. L’architecte, elle aussi mère de jumeaux, a exploré avec eux le concept de maisons sœurs, grâce à une reconfiguration de la maison existante et à la création d’une annexe fortement inspirée de celle-ci.
Les maisons de vétérans ont une architecture très typique liée à l’histoire de Montréal. Il faut voir comment la respecter en tenant compte des besoins des familles d’aujourd’hui.
Kim Pariseau, d’APPAREIL architecture
La forme en pente du toit, plutôt rare dans le quartier aux maisons souvent rehaussées d’un étage, a ainsi été retenue comme une caractéristique à mettre en valeur.
Copie presque conforme
Un dialogue entre la maison et l’annexe s’est ensuite mis en place. « Nous souhaitions réaliser quelque chose de très contemporain, mais avec la réglementation de l’urbanisme, nous avons dû le faire au moyen d’une construction à l’arrière », raconte Catherine. Résultat : une copie du corps de logis en brique noire minimaliste se déploie dans le jardin.
La superficie habitable — 2400 pi2 (sous-sol non compris) aujourd’hui — a presque doublé. Une connexion entre l’intérieur et l’extérieur — ardemment souhaitée par le couple — a été créée grâce à une abondante fenestration dans les deux constructions.
La jonction entre les deux maisons a également été au cœur des discussions. « Nous voulions que les gens sentent qu’ils passent d’une maison à l’autre », souligne Kim Pariseau. Un couloir étroit unit donc le salon et la cuisine au rez-de-chaussée, et une passerelle en lattes d’érable blanchi, les chambres des jumelles et celle des parents à l’étage. Le garde-corps en verre et le jour entre les lattes permettent un gain de lumière, et une vue sur le rez-de-chaussée.
Séparer les activités
Dans un souci constant d’optimisation de l’espace, tout a été pensé dans les détails pour un intérieur qui se décline en aires ouvertes et en coins plus intimes, comme le bureau placé face à une fenêtre à l’avant de la maison, derrière une cloison du salon.
« Nous voulions avoir le meilleur d’une aire ouverte, pouvoir voir par exemple les enfants jouer, mais avoir aussi une séparation entre les espaces de vie et de repos », confie Catherine.
Les jumelles, âgées de 7 ans, sont particulièrement heureuses de la nouvelle configuration des lieux, et plus précisément de « leur » maison, logée dans l’ancien bâtiment côté rue, qui abrite leurs chambres et salle de bains.
Après un premier hiver dans son nouveau nid, le couple a été heureusement surpris par la chaleur ambiante malgré les nombreuses fenêtres et baies vitrées. Catherine, qui a pris un congé sabbatique de six mois pour gérer le projet, s’occuper des finitions et ainsi réduire les frais, apprécie particulièrement l’ouverture sur le jardin.
Elle a hâte de voir le printemps s’installer pour aménager une zone de contemplation entre les deux maisons. « Un espace verdoyant comme dans les cours intérieures au Mexique », précise-t-elle.