Un couple suédois, Marie Granmar et Charles Sacilotto, a littéralement enveloppé sa maison d'été dans une serre, aux environs de Stockholm, la dotant d'un cocon protecteur contre les rigueurs du climat nordique.

La serre a été dessinée par l'architecte suédois Bengt Warne, apprend-on dans une vidéo documentaire fraîchement mise en ligne par *faircompanies et reprise par YouTube. Bengt Warne (1929-2006) a mis de l'avant un concept de «Maison naturelle» dans les années 70 et il l'a popularisé par son livre dans les années 90. Sa vision proposait des maisons autonomes, produisant de l'énergie et de la nourriture, en plus de recycler les déchets, par exemple en transformant les restes de cuisine en biogaz.

N'ayant pas trouvé de terrain où faire construire à neuf comme ils l'auraient d'abord souhaité, Marie Granmar et Charles Sacilotto ont mis la main sur un grand terrain avec une petite maison d'été. Une fois la maison sous sa «bulle» de verre, ils ont procédé à des rénovations majeures: une vaste terrasse a remplacé le toit et on a posé un nouveau clin de bois, plus esthétique et traité simplement à l'huile de lin puisqu'il n'a plus à subir les intempéries.

Le balcon de la chambre principale est devenu un bonheur toutes saisons: on a l'impression d'être dehors tout en étant protégé.

La facture de chauffage a radicalement baissé et la famille a gagné deux mois de jardinage dans l'année. Sur des parcelles de terrains incluses dans la serre, on fait pousser des tomates, des concombres, des raisins, un figuier, bref une partie des aliments pour la famille.

Dépendance au soleil

Le hic avec une telle maison: s'il n'y a pas d'ensoleillement... on est cuit! Il y fait aussi froid qu'à l'extérieur! «Mais il suffit d'une heure de soleil pour faire une grosse différence», dit M. Sacilotto.

«Ce n'est pas une maison parfaitement climatisée, ajoute sa compagne. Ça demeure une vieille maison qui varie avec les saisons.»

Les travaux ont coûté au couple 80 000 euros, il y a dix ans.

Un important acteur dans les serres au Québec, Yanick Harnois, de HarnoisMegaDome, affirme qu'à sa connaissance, il n'y a pas de maison sous serre au Québec.

Amusante zone transitoire

«C'est un projet intéressant et amusant», commente l'architecte québécois Pierre Thibault, qui trouve qu'au Québec on utilise trop peu le principe de zone transitoire entre l'extérieur et l'intérieur, qui ajoute au plaisir d'habiter en pays nordique.

«Comme architecte, je ne mettrais pas toute la maison sous verre, ajoute-t-il. J'ajouterais plutôt une zone tampon non isolée - donc moins chère que l'espace habitable - entre l'intérieur et l'extérieur. C'est un principe de chauffage solaire passif. Par exemple, une véranda à moustiquaires, plein sud, de 20 pieds sur 20 pieds. L'hiver, on remplace les moustiquaires par des panneaux de plexiglas légers.

«Par grand froid, on peut utiliser un petit poêle à combustion lente. Ça peut être agréable de lire dans cette pièce baignée de lumière, à 15°C, ajoute l'architecte. Ou d'y servir le champagne à l'arrivée du jour de l'An!»