Des champignons émergent sur votre terrain ? Réjouissez-vous ! C’est signe que le terreau est riche. Les champignons sont de formidables alliés des plantes, en plus d’être une source de nourriture supplémentaire au jardin lorsqu’ils sont comestibles. Pour s’assurer qu’ils le sont, on peut les y implanter. Bonjour pleurotes, strophaires et shiitakés !

Par leur composition, les champignons s’apparentent aux insectes. Un peu comme les plantes, ils créent un important réseau de racines qu’on appelle le mycélium, dont la partie émergente est en quelque sorte le fruit. « Les champignons sont un règne à part », précise toutefois la biologiste Judith Noël Gagnon, qui est aussi copropriétaire de la Mycoboutique. Ce règne est non seulement omniprésent, mais également essentiel à l’équilibre de la nature.

On classe les champignons en trois catégories : les parasites, les mycorhiziens et les saprophytes. Tandis que les premiers s’attaquent à la matière organique et provoquent sa mort, les seconds vivent en symbiose avec les racines des végétaux. Mais ce sont les derniers qui captent l’intérêt des jardiniers gourmands.

Les saprophytes décomposent la matière organique qu’ils redonnent aux plantes. Tant qu’ils sont nourris – de paille, souches, papier, bois raméal fragmenté, carton ou résidus de jardinage –, ils produisent des « fruits ». Comme la plupart des potagères, ils sont exigeants en eau et auront besoin d’un taux d’humidité d’au moins 50 % pour survivre. S’ils sont heureux, nos plantes aussi !

PHOTO JUDITH NOËL GAGNON, FOURNIE PAR MYCOBOUTIQUE

Récolter ses champignons et ses plantes potagères en même temps !

Les avantages du mycélium

Les champignons contribuent à la diversité des insectes et à la complexité du sol. En décomposant la matière organique pour se nourrir, ils la rendent du même coup accessible aux végétaux qui grandissent plus vite et en santé.

Le mycélium est un peu comme la toile de l’internet. Leurs réseaux de ramifications, dans lesquels les racines des végétaux s’installent, sont une voie de transport pour l’eau et les nutriments. Le mycélium ramène ces matières là où il y en a moins et stimule le sol.

Geoffroy Renaud, chercheur en biologie végétale et directeur du laboratoire Mycélium Remédium

À ces bénéfices s’ajoute le plaisir de voir pousser et récolter des champignons et de les cuisiner. « Il n’y a pas d’effet négatif à ce compagnonnage au jardin. Dans le meilleur des cas, on a des champignons à manger, et au pire, ils enrichissent le sol », indique Geoffroy Renaud. Comme les champignons se reproduisent entre autres grâce à leurs spores qu’ils saupoudrent ou propulsent autour d’eux, les voisins pourraient toutefois y voir un désagrément dans un jardin communautaire.

  • Strophaires rouge vin

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    Strophaires rouge vin

  • Coprins chevelus

    PHOTO JUDITH NOËL GAGNON, FOURNIE PAR MYCOBOUTIQUE

    Coprins chevelus

  • Les champignons (ici des pleurotes) font un bon compagnonnage avec les courges et autres cucurbitacées dont les larges feuilles les protègent des rayons asséchant du soleil.

    PHOTO GEOFFROY RENAUD, FOURNIE PAR MYCÉLIUM REMÉDIUM

    Les champignons (ici des pleurotes) font un bon compagnonnage avec les courges et autres cucurbitacées dont les larges feuilles les protègent des rayons asséchant du soleil.

  • Shiitaké poussant sur billot dans le sous-bois

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    Shiitaké poussant sur billot dans le sous-bois

  • On cueille le champignon en le cassant ou en le coupant à sa base en laissant le mycélium en terre.

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    On cueille le champignon en le cassant ou en le coupant à sa base en laissant le mycélium en terre.

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Un potager à saveur champi

On pourrait penser que les champignons ne poussent qu’à l’ombre. Dans la mesure où ils obtiennent leur dose d’humidité, l’ensoleillement n’est pas un enjeu. « Ils risquent de sécher plus rapidement en plein soleil, mais ça n’affecte pas leur comestibilité, signale Judith Noël Gagnon. L’idéal est de les récolter tôt, dès que leur chapeau se déploie. »

On peut inoculer certains champignons au jardin à partir de morceaux d’espèces qu’on sait comestibles. Une manière fiable d’obtenir les variétés recherchées est toutefois de partir de blocs ensemencés vendus par bon nombre de champignonnières québécoises. On émiette alors cette matière dans un terreau couvert de paillis humide dans un ratio de 1 pour 5 ou pour 10 au jardin.

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Bloc de culture ensemencé de pleurotes

Plusieurs de ces fermes cherchent aussi à se défaire de leurs blocs de culture dévitalisés. Après quatre récoltes, les substrats se sont vidés de leur nourriture, mais contiennent encore le mycélium. Cette substance dévitalisée peut être utilisée directement au jardin comme compost ou être revitalisée. Il suffit alors de redonner à manger au champignon.

Tant qu’on le nourrit, le mycélium grossit et produit des champignons. C’est un cercle vertueux. Chaque fois, on peut multiplier par cinq sa masse en le mettant dans un substrat qui fait cinq fois son poids.

Geoffroy Renaud, chercheur en biologie végétale et directeur du laboratoire Mycélium Remédium

Pour requinquer les substrats dévitalisés, la recette est simple : déchiquetez les blocs dans un bac étanche en y ajoutant des matières ligneuses (feuilles mortes, tiges branches, résidus de jardin, papier ou carton). Couvrez d’eau, laissez tremper 30 minutes, drainez. Le mélange peut ensuite être incorporé au sol, à moins de le laisser dans une chaudière ou un pot de géotextile au balcon pour y voir pousser des champignons. Ils poindront en quatre à six semaines.

À l’automne ou au printemps suivant, le mycélium pourra être nourri de nouveau avec les débris du jardin en ouvrant le sol pour y incorporer la matière résiduelle. Si les variétés sélectionnées résistent à nos hivers, comme c’est le cas pour les pleurotes bleus, blancs ou de l’orme, le strophaire rouge vin, l’hydne hérisson, le shiitaké, le coprin chevelu ou le pied bleu, on verra émerger de nouvelles cultures l’année suivante. Et ainsi le cycle recommence alors comme un feu qu’on nourrit !

Des conseils et une vidéo

Le risque qu’un champignon non sélectionné s’invite dans votre culture n’est jamais exclu. Par prudence, assurez-vous que le spécimen cueilli est le bon. Le doute persiste ? Prenez conseil auprès de spécialistes comme ceux de la Mycoboutique ou d’un cercle de mycologues. Pour en apprendre davantage sur le rôle des champignons dans l’évolution et l’équilibre de la nature, nous vous invitons à regarder le documentaire Fantastic Fungi sur Netflix. Fascinant !

Cultures et compagnie

Plusieurs fermes de champignons vendent leurs substrats ensemencés – neufs ou dévitalisés. On peut acheter les produits en ligne ou en contactant les fermes directement. Quelques sources :

Consultez le site de Champignons maison Consultez le site de Blanc de gris Consultez le site de Full Pin Consultez le site des 400 pieds de champignon Consultez le site de Violon et champignon Consultez le site de la Mycoboutique