André Fauteux, qui habite à Sainte-Adèle, se croyait à l’abri des aléas d’une panne d’électricité prolongée. Ayant son bureau chez lui, l’éditeur et rédacteur en chef du magazine La Maison du 21e siècle avait équipé sa maison d’un système photovoltaïque d’appoint de 650 watts, à la fin de 2008, afin d’éviter tout problème.

Au cours des derniers jours, il a toutefois constaté que la batterie au plomb de son système était en fin de vie et il a dû, comme de nombreux abonnés d’Hydro-Québec, acheter de la glace chez un détaillant afin de ne pas perdre de la nourriture. Il révisera donc sa stratégie pour être prêt, la prochaine fois, a-t-il révélé mardi midi lors d’une vidéoconférence organisée par la Maison du développement durable.

La vidéoconférence, intitulée Démystifier le concept de la maison autonome, est-ce que le jeu en vaut vraiment la chandelle, tombait particulièrement à point. Jean-Pierre Desjardins, chargé de cours à l’UQAM, a mis la table en expliquant en quoi consiste une maison autonome, indépendante du réseau d’Hydro-Québec, mettant l’accent sur l’utilisation de l’énergie solaire.

« Tout le monde rêve de se débrancher d’Hydro-Québec, mais ce n’est pas vraiment payant à moins que la ligne d’Hydro soit à plus de 500 mètres, a ensuite indiqué M. Fauteux. On devrait par contre tous tendre vers la sécurité énergétique. Avec les changements climatiques, il va y avoir de plus en plus de vents violents, qui vont faire tomber des arbres, et des tempêtes de verglas. Si vous travaillez à la maison, je vous encourage particulièrement à vous doter d’un petit système. Ce qui est intéressant, c’est que les systèmes d’énergies renouvelables sont modulables. On peut donc commencer petit et rajouter la capacité de production photovoltaïque et le stockage dans les batteries. »

Emmanuel Cosgrove, cofondateur et directeur général d’Écohabitation, qui habite à Wakefield dans l’Outaouais, était encore privé d’électricité quand il a pris la parole. « J’aurais voulu avoir un petit système en back-up, comme chez André, mais comme il y a beaucoup d’arbres matures, on a fait une étude d’insolation, qui a révélé que le potentiel de générer de l’électricité sur ce site-là est très faible. »

Une maison autonome n’est pas écologique, puisqu’elle sous-entend notamment l’utilisation d’une cuisinière au propane et d’une génératrice à essence, au propane ou au diésel, a-t-il fait remarquer. Selon lui, il ne s’agit pas non plus d’une option économiquement intéressante.

« Il vaut mieux prendre une connexion à Hydro-Québec, a-t-il précisé. C’est sûr qu’une connexion coûte cher en poteaux dépendamment où vous vous situez. Mais généralement, l’autonomie énergétique n’a absolument aucun sens en ville. Et elle n’a aucun sens avec une maison existante qui a déjà son branchement à Hydro. Quand on essaie de concurrencer Hydro-Québec et qu’on calcule tous les coûts, ce n’est à peu près jamais rentable. »

« Normalement, on peut survivre à une panne d’Hydro juste avec des batteries, a-t-il par ailleurs expliqué. On peut très bien construire notre résilience en stockant. Ce que vous allez voir dans un futur très rapproché, c’est ce qu’on appelle le V2H ou V2G, Vehicle to Home ou Vehicle to Grid. Cela veut dire que la grosse méga batterie lithium qu’on a dans notre voiture électrique peut alimenter notre maison en cas de panne. Les Leaf et les Mitsubishi PHEV sont deux véhicules qui n’ont pas de clause dans leur garantie contre les gens qui veulent utiliser la batterie de l’auto lors de pannes à la maison. C’est une excellente idée. On a un véhicule à faible émission de carbone et on n’a pas à surconsommer en achetant deux grosses batteries de lithium, une pour la maison et une pour l’auto. C’est à surveiller. »

Il a suggéré enfin à ceux qui désirent se lancer dans l’aventure du photovoltaïque de bien s’informer, pour être en plein contrôle. Écohabitation, avec Jean-Pierre Desjardins, offre régulièrement des formations.