Chacun doit y mettre du sien pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, a récemment insisté le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Concrètement, que peut-on faire chez soi ? Entretien avec l’écologiste Emmanuel Cosgrove, directeur général d’Écohabitation et évaluateur sénior LEED Canada pour les habitations.

Pourrait-on avoir quelques pistes à suivre, qui nous permettraient d’avoir un réel impact ?

Le Jour de la Terre, c’est comme le Nouvel An, c’est l’occasion de prendre des résolutions. En habitation, on change notre pommeau de douche pour un pommeau à faible débit homologué WaterSense. Cela fait 25 ans que j’en parle ! Cela ne change rien au confort de notre douche. Mais un pommeau à 5,7 L par minute baisse souvent de moitié notre consommation d’eau chaude et peut-être 10 % de notre énergie annuelle. C’est un petit bidule à 35 $, qui se vend à la quincaillerie. C’est un projet qui se fait en deux heures, et bienvenue les économies. C’est très réaliste. Si tout le monde au Québec le faisait, il y aurait un gros barrage dans le Nord qui serait libéré pour le transport électrique, par exemple. À 3 % de la population, ça ne donne pas grand-chose. Mais à 40, 50, 70 %, c’est un peu comme se faire vacciner. Il y a eu un effort collectif monumental pendant la pandémie. Là, on a besoin d’un effort collectif pour aller acheter son pommeau de douche une fois pour toutes.

On n’est pas impuissants face aux changements climatiques ?

Exactement. Cela a l’air tellement déprimant, puis futile, mais non. Il y a des choses très simples qu’on peut faire, comme s’inscrire au crédit hivernal, adopter le tarif Flex D d’Hydro-Québec. Une bonne partie de la population est admissible, elle n’est juste pas au courant. C’est une autre résolution du Jour de la Terre, d’aller en ligne pour vérifier son admissibilité au tarif, qui nous fait réfléchir en hiver, pour ne pas faire son lavage à 7 h le matin ou à 7 h le soir, quand tout le monde consomme de l’électricité. Si on consomme hors période de pointe, on peut recevoir un remboursement.

Comment est-ce bon pour le climat, au Québec, puisque l’électricité que l’on consomme n’a pas une grande répercussion sur les gaz à effet de serre ?

En hiver, pendant les pointes, quand tout le monde se prépare le matin ou arrive le soir, plein de génératrices à énergie fossile démarrent. Les grands bâtiments institutionnels comme les hôpitaux ont de grosses génératrices au diesel ou au gaz. Notre électricité, à ces moments précis, quand il fait très froid l’hiver, génère beaucoup de gaz à effet de serre. C’est dommage. Si nos génératrices au Québec ne suffisent pas, Hydro doit acheter des blocs d’électricité de nos voisins à fort prix. On est perdant comme société. C’est bon pour Hydro-Québec de ne pas consommer en période de pointe, mais c’est aussi très écolo, précisément, de ne pas consommer excessivement d’électricité en hiver, le matin de 6 h à 9 h et le soir, de 16 h à 20 h, quand il fait -15 ℃ et moins.