En quête d'inspiration pour embellir vos relations avec les gens du quartier? Partout au Québec, des particuliers, des municipalités ou des communautés ont pris toutes sortes d'initiatives dans ce but. Pour une fois qu'il est fortement recommandé de copier sur son voisin...

Des voisins 2.0

«... Vous pourrez m'écrire ici... 6760, Saint-Vallier, Montréal...», fredonnait Robert Léger dans ce ver d'oreille de Beau Dommage. Près de 40 ans plus tard, les habitants de cette rue célèbre de Rosemont-Petite-Patrie ont troqué la correspondance pour... une page Facebook (facebook.com/StVallierMontreal). Outil de communication, forum de discussion, babillard, on y fait aussi la promotion des nouveaux commerces, des informations locales, des activités du voisinage. Passionné d'histoire, Matthieu, administrateur principal de la page, partage aussi les photos d'archives, faits intéressants et curiosités qui touchent son petit bout de quartier. Dans la même veine, la petite communauté de Saint-Léonard-de-Portneuf a inauguré une page Facebook consacrée à un troc nouveau genre. Corvées du printemps, échange de biens et de services, légumes en surplus, offres de gardiennage, covoiturage...

La gardienne des clés

Traductrice à son compte, Isabelle travaille à son domicile. Petit à petit, elle est devenue la «gardienne des clés» de quelques maisons de son entourage, notamment pour les enfants qui réalisent au retour de l'école qu'ils se sont enfermés dehors. «Ils savent que je suis chez moi à temps plein, explique-t-elle. Certains d'entre eux préfèrent même commencer leurs devoirs ici, en attendant le retour de leurs parents.» Ils ont toutefois été avisés que la maison d'Isabelle est une solution qui s'applique en cas d'urgence seulement, un peu comme un «parent-secours informel».

L'intimité n'est pas de trop

«Un bon voisin, c'est quelqu'un avec qui on partage de bons moments, mais qui sait en contrepartie respecter notre intimité», explique Émilie, une résidante de la rue Coursol dans La Petite-Bourgogne. Les habitants de ce quartier ont très tôt veillé à définir deux «signaux clairs» pour éviter que les uns empiètent sur l'espace vital des autres. «D'abord, si tu es à l'extérieur, c'est que tu as envie de passer un moment avec tes voisins, que tu as le goût de jaser. Pour nous, la rue est la zone de rencontre. Pour être tranquille, on se réfugie côté jardin.» Second signe d'ouverture: la porte entrebâillée. «Quand la porte est fermée, il est rare que quelqu'un vienne frapper», commente Émilie.

Ciné-ruelle sous les étoiles

L'idée d'organiser un cinéma en plein air a germé dans l'esprit d'Émilie après avoir entendu que la pratique avait déjà ses adeptes à Montréal. «On a lancé le ciné-ruelle il y a quelques années, après la Fête des voisins, comme un prétexte pour prolonger les célébrations, raconte Émilie. On choisit un film qui rassemble tous les âges, on installe le projecteur, la chaîne stéréo, le maïs soufflé et les chaises, et on projette le film sur une porte de garage toute blanche ou sur un grand drap blanc. Le cinéma en plein air se répète plusieurs fois dans l'été, selon la température et les disponibilités de chacun. Elle est parfois précédée d'un 5 à 7 improvisé, qui permet de patienter jusqu'à la brunante...»

Opération tarte au sirop d'érable

Saint-Léonard-de-Portneuf est l'une des cinq municipalités sélectionnées pour participer au projet-pilote Voisins solidaires. Dans la foulée, elle a décidé de relancer la tradition dite «de la tarte au sirop d'érable», qui consiste à souligner l'arrivée de nouveaux Léonardois avec une petite attention. «Le geste est symbolique, souligne Thérèse Gagnon, l'un des membres du comité de consultation. Le but est de leur souhaiter la bienvenue, de nouer un premier contact.»

Boussoles pour voisins désorientés

À Saint-Léonard-de-Portneuf, les nouveaux arrivants sont rois. Pour les aider à s'orienter, on a préparé à leur attention une pochette, dans laquelle se trouvent une carte géographique de la ville, une liste de ses principaux attraits, un aide-mémoire des journées de collecte de compostage, ordures ménagères et recyclage. Une idée utile et complémentaire pour les gens de la ville: fabriquer un accroche-porte, qui comprend une liste de nos services préférés à proximité: buanderie, boulangerie, pharmacie, épicerie, etc.

Le gazon vert du voisin

L'union fait la force, même lorsqu'il est question de voisinage. Un exemple? Il y a trois ou quatre ans, la Ville de Montréal a entrepris des travaux pour remplacer les conduites d'eau bordant la rue De Saint-Vallier, en bloquant l'accès plusieurs mois durant. Informés de l'intention de la Ville de recouvrir la surface de béton une fois les rénovations terminées, la «ligue des voisins» a fait circuler une pétition officielle, réclamant l'aménagement d'un carré de pelouse plutôt que de bitume. Prenant acte des revendications, la Ville a posé le long du trottoir des petites zones de verdure, à la condition qu'il revienne à chaque propriétaire d'entretenir son bout de chemin.

À pieds joints dans l'hiver

Une Fête des voisins, version hivernale? Cette idée trotte dans la tête d'Émilie depuis un bon moment. «L'été, on se voit à régulièrement. Tandis que l'hiver, chacun disparaît dans sa tanière.» Pour lutter contre cette tendance à l'hibernation et son effet de repli, Émilie et sa bande de voisins ont recréé l'an dernier une guerre des tuques de ruelle, avec bagarre de boules de neige, guimauves grillées sur le feu et tire d'érable sur la neige. L'activité a remporté un franc succès. «Et de cette façon, complète Émilie, on est moins surpris de constater à quel point les enfants ont poussé comme de la mauvaise herbe au retour du printemps.»