En réaction au texte «Des élèves démotivés? Pas surprenant!» de Mme Godelieve De Koninck

En réaction au texte «Des élèves démotivés? Pas surprenant!» de Mme Godelieve De Koninck

Si les élèves québécois sont démotivés, la faute en incombe aux médias qui ont joué «un rôle déterminant dans la construction de cette perception négative vécue par les élèves et les parents envers cette réforme (renouveau pédagogique)». Tel est, du moins, le constat auquel en vient Godelieve De Koninck dans sa lettre publiée dans Le Soleil récemment. Qu'on me permette de ne pas souscrire à cette idée.

Effectivement,  il convient d'indiquer que le nombre d'élèves qui obtiennent leur diplôme d'études secondaires (DES) est en augmentation depuis quelques années. On est donc loin du climat de démotivation et d'échec décrit par Mme De Koninck. Théoriquement, du moins, plus d'élèves réussissent.

Par contre, si j'écris théoriquement, c'est parce que, de plus en plus, on s'aperçoit que cette réussite est souvent un leurre. Ainsi, les médias commencent à nous révéler maintenant des histoires où des enseignants se voient demander d'augmenter les notes de leurs élèves pour qu'ils «passent». Que vaut alors cette réussite? Et surtout que vaut cette école aux yeux des jeunes qui ne sont pas dupes de cette mascarade? Se peut-il que certains d'entre eux décrochent parce que l'école elle-même et le réseau de l'éducation n'ont pas su démontrer leur pertinence au cours des dernières années?

Il est facile d'accuser les médias et d'affirmer qu'ils n'ont pas sur faire «découvrir les bons coups de cette réforme et sa nécessité». Il faut savoir que les tenants de cette réforme ont pu bénéficier au cours des ans de l'appui médiatique du ministère de l'Éducation, du loisir et des sports (MELS), et des commissions scolaires. On ne compte plus l'argent qui a été investi pour vendre le Renouveau pédagogique à travers une armée de relationnistes et de conférences de presse. Si celui-ci n'a pas réussi à obtenir une bonne presse, c'est tout simplement parce qu'il n'a pas su remplir ses promesses. Bien au contraire, il a connu tellement d'écueils que ses opposants ont eu beau jeu de le critiquer. Faut-il se rappeler de la saga des bulletins avec des bonhommes sourire, des retards dans la rédaction des programmes disciplinaires et j'en passe?

Ceux qui ont proposé cette révolution pédagogique avaient la responsabilité de mener celle-ci à bon port. Or, ils ont fait preuve d'un amateurisme incroyable et, encore aujourd'hui, ils ne sont même pas redevables quant à tout ce gâchis. Pis encore: certains oeuvrent encore au MELS et persistent dans cette voie.

En imposant ce renouveau pédagogique, en tenant pas compte des réalités du milieu scolaire, en ne lui donnant pas les moyens de ses ambitions, en bousculant les enseignants comme s'ils n'étaient que de simples pions, nos décideurs pédagogiques ont fragilisé le système scolaire et complètement désorganisé celui-ci. C'est davantage de leur côté que de celui des médias que devrait se tourner notre regard quand on veut comprendre pourquoi les jeunes québécois n'ont pas une bonne opinion de leurs écoles et qu'ils sont démotivés.

Luc Papineau, enseignant

Co-auteur du Grand mensonge de l'éducation