(Istanbul) Twitter a été inaccessible sur les principaux fournisseurs de téléphonie mobile turcs dans la nuit de mercredi à jeudi avant que le service ne soit rétabli, sur fond de multiplication des critiques en ligne visant la réponse du gouvernement au séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie.

« Twitter a été informé par le gouvernement turc que l’accès sera réactivé sous peu », a tweeté jeudi (mercredi soir aux États-Unis) le patron du réseau social, Elon Musk. Une journaliste de l’AFP présente en Turquie a confirmé jeudi matin que Twitter était de nouveau accessible.

Durant la coupure, l’accès à Twitter était resté possible via des comptes VPN masquant la localisation de l’utilisateur.

Depuis le séisme de magnitude 7,8 qui a frappé le pays lundi, les réseaux sociaux turcs sont inondés de messages de personnes qui se plaignent de la lenteur du déploiement des secours.

PHOTO DE LA PRESSE PRÉSIDENTIELLE OFFICIELLE, FOURNIE À REUTERS

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui s’est rendu dans la province d’Hatay (sud), l’une des plus touchées, à la frontière syrienne, a reconnu des « lacunes » dans la réponse apportée au séisme.

L’organisme de surveillance de la gouvernance de l’internet Netblocks.org a souligné que l’accès à Twitter avait été restreint puis totalement bloqué via les plus importants fournisseurs d’accès à internet en Turquie.

« Ce filtrage risque d’avoir un impact sur les opérations de sauvetage » des victimes, a déploré Netblocks.org, ajoutant que la Turquie avait « une longue histoire de restrictions (dans l’usage) des réseaux sociaux lors de situations d’urgence nationale et d’incidents de sécurité ».

Les responsables turcs n’ont dans l’immédiat fait aucune déclaration sur les perturbations affectant Twitter.  

Mais ils avaient adressé à plusieurs reprises des mises en garde avant les élections présidentielle et législatives du 14 mai, où M. Erdogan brigue un nouveau mandat après 20 ans au pouvoir.

« Nous savons déjà tout ce qu’ils veulent cacher », a affirmé Kemal Kilicdaroglu, le chef du principal parti d’opposition CHP.

La cheffe du parti d’opposition nationaliste Iyi, Meral Aksener, a affirmé que Twitter était nécessaire pour « relayer les besoins des victimes du séisme ». « C’est quoi cet enfer ? », a-t-elle ajouté.  

Les deux dirigeants politiques font partie de la « Table des Six », le nom donné à l’alliance de six partis d’opposition qui tentent de s’accorder pour faire barrage au chef de l’État.  

Au-delà de la sphère politique, la rock-star turque Haluk Levent, qui compte 7,2 millions d’abonnés sur Twitter et qui aide les victimes, avait tweeté : « Et maintenant on fait comment ? »

La police turque a une douzaine de personnes depuis le tremblement de terre de lundi pour des publications sur les réseaux sociaux, critiquant la manière dont le gouvernement turc a géré la catastrophe.  

Les secouristes poursuivent leurs recherches dans les décombres, même si les chances de survie s’amenuisent trois jours après le dont le bilan dépasse désormais les 15 000 morts en Turquie et en Syrie.