(Beyrouth) Des dizaines de manifestants ont bloqué des routes et brûlé des pneus mercredi près de la Banque centrale du Liban à Beyrouth, alors que la livre libanaise a atteint un nouveau plancher face au dollar, selon des correspondants de l’AFP.

Depuis 2019, le Liban est plongé dans une crise socio-économique sans précédent, largement imputée à la corruption et l’incurie de la classe dirigeante.

« On se dirige vers une grande explosion sociale », déclare à l’AFP Alaa Khorchib, 54 ans, président de l’association « Cri des déposants » qui a appelé à manifester.

La crise s’est traduite par des restrictions bancaires draconiennes empêchant les épargnants d’avoir librement accès à leur argent, tandis que la monnaie locale a perdu plus de 95 % de sa valeur par rapport au dollar sur le marché noir.

Les manifestants scandaient des slogans hostiles au gouverneur de la Banque centrale du Liban (BDL), Riad Salamé, en fonction depuis 1993 et accusé par de nombreux Libanais d’être l’un des principaux responsables de la crise.

M. Salamé est la cible d’une série d’enquêtes judiciaires en Europe, liées à des soupçons de blanchiment d’argent et d’« enrichissement illicite ».

« On ne se laissera pas affamer, on vous mangera », pouvait-on lire sur des affiches tenues par les manifestants et adressées à la classe dirigeante, aux côtés de photos de Riad Salamé le désignant comme « ennemi public numéro un ».

Un dollar valait 1507 livres libanaises (LL) avant la crise, mais elle a dépassé depuis jeudi le seuil psychologique des 50 000 livres pour un dollar américain sur le marché parallèle, atteignant même 56 000 LL ce mercredi.

« Les gens sont épuisés, désespérés et émigrent », regrette Karim, manifestant devant la BDL.

« Nous demandons juste une solution, le dollar vaudra bientôt 60 000 LL et aucune mesure n’est prise », ajoute l’employé d’une entreprise de télécoms de 38 ans.

Les prix des carburants ont grimpé sur fond de dépréciation de la livre libanaise, le litre d’essence coûtant désormais environ un dollar, une hausse majeure dans un pays où plus de 80 % de la population vivent sous le seuil de pauvreté, selon l’ONU.