(Ramallah) Les troupes israéliennes ont abattu quatre Palestiniens mardi en Cisjordanie occupée, ont indiqué des sources officielles palestiniennes avant que l’auteur présumé d’une attaque à la voiture bélier ne soit tué après avoir blessé une soldate israélienne selon l’armée et les services médicaux israéliens.  

L’armée a dit avoir ouvert le feu sur des « émeutiers » lors de deux affrontements distincts en Cisjordanie, affirmant que ces derniers avaient attaqué les soldats israéliens.

Une soldate de 20 ans a été « blessée modérément » dans une attaque à la voiture bélier, a indiqué l’armée israélienne qui a dit avoir « neutralisé » son auteur présumé à proximité de la colonie israélienne de Kokhav Yaakov, près de la ville palestinienne de Ramallah.  

La soldate a été transportée à l’hôpital Shaarei Tsedek de Jérusalem ainsi que l’auteur présumé de l’attaque. L’établissement a confirmé que ce dernier avait été tué. Il s’agit d’un Palestinien de Cisjordanie âgé de 45 ans, selon des sources de sécurité palestiniennes.  

« Le conflit atteint de nouveau un point d’ébullition », a déclaré lundi le médiateur de l’ONU pour le Proche-Orient Tor Wennesland, dans un contexte de regain de violences israélo-palestiniennes qui ne faiblissent pas depuis plusieurs mois.

La Cisjordanie occupée a une nouvelle fois connu mardi des violences meurtrières, notamment à Beit Ommar, près de Hébron (sud), où les tensions demeurent vives entre des colons israéliens et la population palestinienne locale, et à Kafr Ein, près de Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne.

À Beit Ommar, selon le ministère palestinien de la Santé, un Palestinien a succombé après avoir été blessé par balle à la tête par l’armée israélienne. Il a été identifié comme étant Moufid Mahmoud Khalil (44 ans) par l’agence de presse palestinienne Wafa.  

« Résistance croissante »

L’armée a dit avoir ouvert le feu sur « des émeutiers » qui avaient lancé des pierres et des engins explosifs en direction des soldats après que deux véhicules de l’armée en patrouille se furent retrouvés bloqués par un problème technique.

Puis, à Kafr Ein, Jawad et Dhafer Abdelrahmane Rimawi, deux frères de 22 et 21 ans, ont été tués par des tirs de l’armée israélienne, selon le ministère palestinien.  

Le ministre palestinien des Affaires civiles Hussein al-Cheikh a dénoncé une « exécution de sang-froid ».  

L’armée israélienne a elle évoqué une « violente émeute » au cours d’une « opération de routine » dans la nuit, avec des « suspects » lançant « des pierres et des cocktails Molotov en direction des soldats, qui ont répondu par des moyens de dispersion anti-émeute et des tirs réels ».

Et à Al-Mughair, un village au nord-est de Ramallah, le Palestinien Raed Ghazi Al-Naasan est mort après avoir été atteint à la poitrine par des tirs de l’armée israélienne, selon le ministère de la Santé palestinien. Il a été tué mardi après-midi lors d’affrontements avec les forces israéliennes, selon l’agence Wafa.

Le Hamas a prévenu que « l’escalade » israélienne allait rencontrer une « résistance croissante » en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Nouveau gouvernement

À partir du printemps, l’armée israélienne a multiplié les raids à travers ce territoire, dans la foulée d’attaques anti-israéliennes meurtrières.  

Les violences en Cisjordanie ont fait plus de 125 morts palestiniens, y compris des combattants, le bilan le plus lourd depuis sept ans, selon l’ONU.  

De son côté, le bureau du premier ministre israélien sortant Yaïr Lapid a chiffré mardi à 31 le nombre d’Israéliens tués dans des « actes de terrorisme » depuis le début de l’année.

Dans ce contexte, les tractations se poursuivent en Israël pour former un nouveau gouvernement entre le premier ministre israélien désigné Benyamin Nétanyahou, à la tête du parti de droite Likoud, et ses alliés ultra-orthodoxes et d’extrême droite, arrivés majoritaires aux législatives du 1er novembre (64 sièges sur 120).

Figure de proue de l’extrême droite, Itamar Ben Gvir a déjà signé un accord avec le Likoud en vertu duquel il occupera le poste de ministre de la Sécurité nationale dans le prochain gouvernement.

Or, la semaine dernière, l’armée israélienne avait suspendu deux soldats mis en cause dans l’agression de militants des droits de l’homme à Hébron, dont l’un avait pris la parole en faveur de ce ténor de l’extrême droite. « Ben Gvir va faire le ménage ici. C’est fini, vous avez perdu […] la fête est finie », avait déclaré un des deux soldats, des propos qui ont scandalisé une grande partie de la presse israélienne.