(Jérusalem) Un accord de coalition signé entre le premier ministre israélien désigné Benyamin Nétanyahou et un dirigeant d’extrême droite ouvertement homophobe, en vue de former le prochain gouvernement, ulcérait lundi la communauté LGBTQ+.  

« C’est un jour sombre pour Israël », a déclaré à l’AFP Hila Peer présidente de l’Aguda, la plus importante organisation de défense des droits LGBTQ+ du pays, après que Benyamin Nétanyahou, à la tête du parti de droite Likoud, et Avi Maoz, chef de la petite faction Noam, eurent signé la veille un accord octroyant à M. Maoz un poste de vice-ministre dans le prochain gouvernement.  

Le bloc de droite de M. Nétanyahou et ses alliés ultra-orthodoxes et d’extrême droite est arrivé majoritaire aux législatives du 1er novembre (64 sièges sur 120), devant le camp mené par le centriste Yaïr Lapid (54 sièges).

Pour former un gouvernement, M. Nétanyahou mène des pourparlers relatifs à la distribution des portefeuilles ministériels avec ses alliés, dont Avi Maoz (66 ans), seul représentant de Noam, connu pour ses positions nationalistes et anti-LGBTQ+.

« Nous allons étudier les possibilités juridiques pour annuler la Gay pride », avait-il déclaré à la radio militaire à l’issue des élections, pour lesquelles il avait rallié la formation d’extrême droite « Sionisme religieux », dont les chefs de file Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir font ouvertement part de leur aversion pour les membres de la communauté LGBTQ+.  

Selon l’accord de coalition, Avi Maoz sera nommé vice-ministre à la tête d’une administration responsable de « l’identité juive », placée sous l’autorité du premier ministre.    

L’État hébreu fait figure de meilleur élève du Moyen-Orient au regard des droits LGBTQ (lesbienne, gay, bi, trans, queer). Il reconnaît notamment les mariages gais conclus à l’étranger.

Des militants craignent un retour en arrière sur ces sujets, ainsi que « sur le combat des femmes pour l’égalité », dit Hila Peer.

« C’est une personnalité homophobe, misogyne et xénophobe aux positions connues de tous et à laquelle on confère un pouvoir, une autorité », fustige-t-elle.

« Le fait que Nétanyahou nomme Avi Maoz comme vice-ministre au bureau du premier ministre est tout simplement insensé », a pour sa part déclaré le premier ministre sortant Yaïr Lapid sur Twitter.  

Vendredi le Likoud et le parti « Force juive » d’Itamar Ben Gvir ont signé un accord de coalition selon lequel M. Ben Gvir occupera le poste de ministre de la Sécurité nationale. Mais lundi, les pourparlers se poursuivaient avec les autres partis.  

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M. Nétanyahou a 28 jours pour former son équipe, avec une rallonge possible de 14 jours.

Le cabinet que formera M. Nétanyahou, déjà à la tête du gouvernement de 1996 à 1999 et de 2009 à 2021, pourrait être le plus à droite de l’histoire du pays.