(Washington) Washington a annoncé jeudi des sanctions économiques visant la police des mœurs iranienne et plusieurs responsables de la sécurité pour les « violences contre les manifestants », ainsi que pour le sort de Mahsa Amini, une jeune femme morte après son arrestation.

Ces sanctions ciblent « la police des mœurs d’Iran et les hauts dirigeants de la sécurité iranienne responsables de cette oppression », et « démontrent l’engagement clair de l’administration Biden-Harris à défendre les droits humains et les droits des femmes, en Iran et dans le monde », a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, dans un communiqué.

« La police des mœurs est responsable de la mort récente de Mahsa Amini, 22 ans, qui a été arrêtée et détenue pour avoir prétendument porté un hijab de manière inappropriée », dénonce le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du département américain au Trésor.

Mahsa Amini avait été arrêtée le 13 septembre à Téhéran pour « port de vêtements inappropriés » par la police des mœurs chargée de faire respecter le code vestimentaire strict en République islamique. Les femmes doivent se couvrir les cheveux et n’ont pas le droit de porter des manteaux courts ou serrés ou des jeans troués.

Elle est décédée le 16 septembre à l’hôpital. Selon des militants, elle a reçu un coup mortel à la tête, mais les responsables iraniens ont démenti et annoncé une enquête.

« Nouvel acte de brutalité »

L’OFAC met aussi en avant les « violences verbales et physiques contre les femmes iraniennes et la violation des droits des manifestants iraniens pacifiques », et cible, en plus de la police des mœurs, « sept hauts dirigeants des organisations de sécurité iraniennes […] (qui) supervisent les organisations ayant recours régulièrement à la violence ».

Des manifestations avaient éclaté aussitôt après la mort de Mahsa Amini, touchant une quinzaine de villes à travers le pays.

Au moins 17 personnes ont péri selon un bilan d’un média d’État jeudi. Mais le bilan risque d’être bien plus lourd, et l’ONG d’opposition Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, fait état d’au moins 31 civils tués par les forces de sécurité.

« Mahsa Amini était une femme courageuse dont la mort en garde à vue par la police des mœurs est un nouvel acte de brutalité des forces de sécurité du régime iranien contre son propre peuple », a encore souligné Janet Yellen.

Évoquant un « acte inadmissible », la ministre de l’Économie et des Finances de Joe Biden a appelé « le gouvernement iranien à mettre fin à sa violence contre les femmes et à sa répression violente et continue de la liberté d’expression et de réunion ».

« Le gouvernement iranien doit mettre fin à la persécution systématique des femmes et permettre des manifestations pacifiques. Les États-Unis continueront d’exprimer leur soutien aux droits humains en Iran et de demander des comptes à ceux qui les violent », a indiqué le secrétaire d’État américain Antony Blinken, dans un communiqué distinct.

Les autorités iraniennes ont par ailleurs, depuis mercredi soir, bloqué l’accès aux réseaux sociaux Instagram et WhatsApp.