(Paris) Au moins 31 civils ont été tués en Iran depuis le début des manifestations, réprimées par les forces de sécurité, contre la mort d’une jeune femme après son arrestation par la police des mœurs, a rapporté jeudi l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo.  

« Le peuple iranien est descendu dans les rues pour se battre pour leurs droits fondamentaux et leur dignité humaine […] et le gouvernement répond à ces manifestations pacifiques avec des balles », a dénoncé le directeur de l’ONG, Mahmood Amiry Moghaddam, dans un communiqué, en publiant un bilan après six jours de manifestations.

L’ONG dit avoir confirmation que des manifestations ont eu lieu dans plus de 30 villes et autres localités urbaines en Iran, et s’alarme « d’arrestations massives » de manifestants et de militants de la société civile.

PHOTO WANA NEWS AGENCY, VIA REUTERS

Mahsa Amini

Les manifestations ont éclaté aussitôt après l’annonce le 16 septembre de la mort de Mahsa Amini, 22 ans et originaire du Kurdistan (nord-ouest), tombée dans le coma après avoir été arrêtée à Téhéran le 13 septembre pour « port de vêtements inappropriés » et détenue par la police des mœurs.

Cette unité est chargée de faire respecter le code vestimentaire strict en République islamique, où les femmes doivent se couvrir les cheveux et n’ont pas le droit de porter des manteaux courts ou serrés ou encore des jeans troués.

Selon des militants, Mahsa Amini a reçu un coup mortel à la tête, mais les responsables iraniens ont démenti et annoncé une enquête.

Les premières manifestations se sont déroulées dans la province du Kurdistan d’où elle était originaire. Ces rassemblements de protestation se sont désormais propagés à travers le pays.

Iran Human Rights a indiqué que dans son bilan figuraient onze personnes tuées dans la seule soirée de mercredi dans la ville d’Amol, dans la province de Mazandaran (nord) qui borde la mer Caspienne, et six personnes tuées à Babol dans cette même province.

La grande ville de Tabriz (nord-est) a connu son premier mort dans ces manifestations, selon l’ONG.

« Les condamnations et les inquiétudes exprimées par la communauté internationale ne sont plus suffisantes », a exhorté Mahmood Amiry Moghaddam.

Plus tôt jeudi, l’organisation kurde de défense des droits humains « Hengaw » avait indiqué que 15 personnes avaient été tuées dans la province du Kurdistan et d’autres régions du nord de l’Iran peuplées par des Kurdes, dont huit personnes tuées dans la soirée de mercredi.  

De son côté, la télévision d’État a annoncé jeudi un bilan de 17 personnes - dont des manifestants et des policiers - ayant péri dans ces manifestations.