(Téhéran) Le premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi s’est rendu dimanche en Arabie saoudite puis en Iran, deux puissances régionales rivales, pour insister sur la nécessité d’une « stabilité régionale ».

Un responsable du cabinet de M. Kazimi avait indiqué samedi que, lors de ces visites, le premier ministre aborderait des sujets touchant « à la médiation irakienne pour relancer les relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et l’Iran », rompues il y a plusieurs années.

« Nous nous sommes entendus sur la nécessité de soutenir la trêve au Yémen […], préserver le calme régional et lutter contre l’insécurité alimentaire » dans la région, a affirmé dimanche à Téhéran M. Kazimi lors d’une conférence de presse avec le président iranien Ebrahim Raïssi.

« Nous avons aussi discuté des défis dans la région et des possibilités de coopération », a ajouté M. Kazimi.

La République islamique d’Iran, chiite, et le royaume sunnite d’Arabie saoudite s’accusent mutuellement depuis des décennies de déstabiliser le Moyen-Orient.  

Tous deux voisins de l’Irak, ils s’opposent sur la plupart des dossiers régionaux, notamment la guerre au Yémen, et Riyad s’inquiète du programme nucléaire de l’Iran qui, malgré ses démentis, est soupçonné de chercher à se doter de l’arme atomique.

« Nous avons insisté sur la nécessité pour les responsables régionaux de négocier pour résoudre les problèmes de la région », a indiqué de son côté dimanche le président iranien.

« Paix et tranquillité »

« L’Irak et nous pensons que la paix et la tranquillité dans la région dépendent du rôle de tous les responsables régionaux », a-t-il ajouté, disant apporter son soutien au cessez-le-feu au Yémen, en vigueur depuis avril.

M. Raïssi a en outre critiqué tout rapprochement entre des pays arabes et Israël, ennemi juré de la République islamique.

« La normalisation des relations avec le régime sioniste ou la présence d’étrangers dans la région ne résoudra aucun problème dans la région mais l’aggravera », a-t-il mis en garde.

L’État hébreu a normalisé à partir de 2020 ses relations avec plusieurs pays arabes, dont les Émirats arabes unis et Bahreïn, deux monarchies arabes du Golfe voisines de l’Arabie saoudite.

Des diplomates des États-Unis, d’Israël, des Émirats, de Bahreïn, du Maroc et d’Égypte doivent se réunir d’ailleurs lundi à Manama pour renforcer leur coopération, selon des responsables israéliens.

M. Kazimi avait commencé dimanche sa mini-tournée en Arabie saoudite, où il a rencontré à Jeddah (ouest) le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du royaume.

Les deux dirigeants ont discuté d’un certain nombre de sujets « qui contribueraient à soutenir et à renforcer la sécurité et la stabilité régionales », a rapporté l’agence officielle SPA.

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Le premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane

M. Kazimi avait commencé en 2021 une médiation entre ses deux voisins rivaux.

Selon une source au sein du cabinet de M. Kazimi, ces discussions à Riyad et Téhéran servent à dresser « une feuille de route pour renouer les liens et revenir sur la voie du renforcement des relations bilatérales » entre l’Arabie saoudite et l’Iran.

Au cours de l’année écoulée, l’Irak a accueilli cinq cycles de discussions entre ces deux pays, la dernière ayant eu lieu en avril.

M. Kazimi avait déclaré alors qu’il pensait que la réconciliation entre Riyad et Téhéran était « proche ».

L’Arabie saoudite et l’Iran n’ont plus de relations diplomatiques depuis que des manifestants iraniens ont attaqué les missions diplomatiques saoudiennes en Iran en 2016, après l’exécution par le royaume d’un religieux chiite.  

Riyad avait réagi en rompant ses liens avec Téhéran.

Début mars, le prince ben Salmane avait déclaré que son pays et l’Iran étaient « voisins pour toujours » et qu’il était « préférable » pour eux de « chercher des moyens de coexister ».