(Jérusalem) Israël « ne changera pas » le statu quo sur l’esplanade des Mosquées de Jérusalem, selon lequel les musulmans peuvent prier sur ce lieu saint mais pas les fidèles des autres religions, a assuré dimanche son chef de la diplomatie Yaïr Lapid à l’heure où la communauté internationale craint un nouvel embrasement de violences.

« Les musulmans prient sur le Mont du Temple, les non-musulmans peuvent seulement le visiter. Il n’y a pas de changement et il n’y aura pas de changement », a assuré M. Lapid après des violences sur l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam, considéré comme le lieu le plus sacré du judaïsme sous son nom de « Mont du Temple ».

Après des attaques meurtrières en Israël, dont deux perpétrées par des Palestiniens, puis des opérations de l’armée israélienne en Cisjordanie occupée ayant fait une vingtaine de morts, des violences ont éclaté à la mi-avril à l’esplanade des Mosquées.  

Celles-ci font craindre une nouvelle escalade de violences, un an après une guerre de 11 jours entre l’État hébreu et le Hamas, mouvement islamiste armé au pouvoir à Gaza.

Vendredi, plus d’une cinquantaine de Palestiniens ont été blessés dans des heurts avec la police israélienne, qui a indiqué être intervenue après que des jeunes « émeutiers » ont lancé des pierres depuis l’esplanade vers le Mur des Lamentations en contrebas alors que les juifs célébraient Pessah, leur Pâque.

L’esplanade des Mosquées est située dans la partie orientale, palestinienne, de Jérusalem, occupée depuis 1967 par Israël. Ce lieu saint est administré par la Jordanie, mais son accès est contrôlé par l’État hébreu.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le roi Abdallah II de Jordanie et le prince héritier d’Abou Dabi Mohammed Ben Zayed Al-Nayhane ont appelé dimanche lors d’une rencontre au Caire à « poursuivre les efforts pour ramener le calme à Jérusalem et préserver le statu quo légal et historique » de ce site, tout en exhortant Israël à « cesser les mesures qui sapent la solution à deux États », israélien et palestinien.

« Hébronisation » ?

Au cours des dernières années, le nombre de juifs se rendant sur l’esplanade a augmenté, et a atteint un record la semaine dernière, avec plus de 3800 juifs pour Pessah, selon l’organisme israélien chargé des visites.  

Malgré l’interdiction pour les non-musulmans d’y prier, de nombreux fidèles juifs y sont régulièrement aperçus en train de prier subrepticement.  

Les tensions « sont motivées par des préoccupations sur l’accès des Juifs au site et leur capacité d’y prier », explique à l’AFP Ofer Zalzberg, spécialiste du conflit israélo-palestinien.  

Des Palestiniens ont exprimé à l’AFP leur crainte de voir l’esplanade devenir comme la mosquée Ibrahimi, appelée « Caveau des Patriarches » par les Juifs, à Hébron, en Cisjordanie occupée.  

Sous contrôle musulman pendant des siècles, ce site a été divisé en une partie accessible aux juifs et une autre aux musulmans après l’attaque perpétrée sur place en 1994 par un extrémiste juif qui a tué 29 musulmans.  

« Il y a des messages sur les réseaux sociaux palestiniens selon lesquels le gouvernement israélien a décidé de diviser l’esplanade (de Jérusalem) pour prier, ce qui n’est pas le cas. Mais cette peur est là et elle doit être prise au sérieux car elle pousse des gens à agir », selon M. Zalzberg.  

Israël « n’a aucune intention de diviser pour deux religions » l’esplanade des Mosquées, a soutenu dimanche M. Lapid, accusant les mouvements islamistes palestiniens du Hamas et du Djihad islamique de « propager » de « fausses nouvelles », pour « créer une irruption de violence ».

Intervention « justifiée »

Les images du déploiement des forces israéliennes sur l’esplanade des Mosquées, et dans la mosquée locale Al-Aqsa, qui circulent en boucle sur les chaînes arabes ont suscité de vives réactions au Moyen-Orient.

L’ONU et les États-Unis ont eux appelé à une « désescalade » alors que des roquettes ont été tirées la semaine dernière depuis la bande de Gaza, territoire palestinien sous blocus israélien, vers l’État hébreu.  

Le déploiement de la police à l’esplanade était « justifié » car il a permis « d’éviter un désastre », a plaidé dimanche M. Lapid, en adressant une mise en garde au Hamas.  

Dimanche, le gouvernement a fermé pour un jour l’accès à Israël aux travailleurs palestiniens de Gaza.