(Jénine) L’armée israélienne a mené samedi une opération à Jénine en Cisjordanie occupée durant laquelle un combattant palestinien a été tué lors d’échanges de tirs, deux jours après une attaque meurtrière à Tel-Aviv dont l’auteur était originaire de ce camp de réfugiés.

Le Djihad islamique a affirmé dans un communiqué que l’un de ses combattants, Ahmed al-Saadi, 23 ans, est mort lors des affrontements dans le camp de Jénine, un bastion des factions armées palestiniennes en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Douze Palestiniens ont été blessés, dont plusieurs par balle, lors de l’opération militaire israélienne qui a duré plusieurs heures, selon le Croissant-Rouge palestinien.  

PHOTO JAAFAR ASHTIYEH, AGENCE FRANCE-PRESSE

Une foule compacte a porté samedi la dépouille d’Ahmed al-Saadi, tué lors d’affrontements.

« Des assaillants ont tiré sur les forces armées et la police des frontières qui menaient une opération antiterroriste dans le camp de réfugiés de Jénine […] En riposte, les troupes ont ouvert le feu dans leur direction », a indiqué l’armée sans déplorer de victimes dans ses rangs.

Après l’opération, une foule compacte a participé aux funérailles du combattant tué dont la dépouille enveloppée du drapeau du Djihad islamique a été transportée sur un brancard dans le camp.  

Vendredi, le premier ministre israélien Naftali Bennett a indiqué avoir donné carte blanche aux forces de sécurité pour agir après une série d’attaques sanglantes qui ont frappé Israël depuis le 22 mars.

La dernière en date, jeudi à Tel-Aviv, a coûté la vie à trois Israéliens. Elle a été menée par Raëd Hazem, un Palestinien « sans affiliation connue » à un groupe armé selon le renseignement israélien, qui a été abattu par la police israélienne après une chasse à l’homme.

« Tout ce qu’il faut »

L’attaque a été saluée par le Djihad islamique et l’autre mouvement islamiste armé palestinien Hamas qui contrôle la bande de Gaza, un territoire palestinien sous blocus israélien. Mais elle a été condamnée par le président de l’Autorité palestinienne et chef du parti laïc Fatah Mahmoud Abbas, basé à Ramallah en Cisjordanie.

« Quiconque a aidé (l’assaillant), indirectement ou directement, en paiera le prix », a averti M. Bennett après la fusillade de Tel-Aviv, ordonnant par ailleurs la fermeture du point de passage de Jalameh reliant la région de Jénine à Israël.

Samedi soir, le Cogat, l’organe du ministère israélien de la Défense qui supervise les activités civiles dans les Territoires palestiniens, a annoncé la fermeture d’un second point de passage dans le secteur, des mesures pour limiter les visites à et vers Jénine et une « intensification » des contrôles dans la région.

« Nous ferons tout ce qu’il faut, tout ce qui est nécessaire, et ce, aussi longtemps et partout où cela sera nécessaire pour rétablir la sécurité », a déclaré le chef de l’armée israélienne Aviv Kochavi à des soldats en Cisjordanie, selon une vidéo diffusée par l’armée.

D’après des sources palestiniennes, le père de l’assaillant de Tel-Aviv, Fathi Hazem, est un officier à la retraite des forces de sécurité palestiniennes.  

Détruire la maison familiale

Vendredi, Fathi Hazem a défendu l’acte de son fils devant des centaines de personnes venues chez lui, appelant les jeunes à « détruire les sionistes ».

Des habitants à Jénine ont dit soupçonner l’armée d’avoir mené l’opération pour tenter entre autres d’arrêter Fathi Hazem.

Mais selon une source sécuritaire israélienne, l’objectif était avant tout de localiser la résidence familiale afin de la détruire comme le veut une politique israélienne selon laquelle la maison familiale de Palestiniens ayant commis des attentats doit être détruite. Une mesure dénoncée par des ONG comme une « punition collective ».

Il y a près d’une semaine, l’armée avait mené une opération à Jénine qui avait coûté la vie à trois combattants du Djihad islamique. Car c’est de cette région qu’était aussi originaire l’auteur palestinien d’une attaque qui a tué le 29 mars cinq personnes à Bnei Brak, près de Tel-Aviv.

Au total depuis le 22 mars, 13 personnes ont péri dans quatre attentats en Israël. Outre ceux de Bnei Brak et Tel-Aviv, un a frappé Hadera (nord) et un autre Beersheva (sud) et ces deux attaques ont été menées par des Arabes israéliens liés au groupe djihadiste État islamique.

Il y a presque 20 ans jour pour jour et après des attentats meurtriers anti-israéliens, l’armée avait lancé une offensive d’envergure à Jénine au cours de laquelle 53 Palestiniens, des civils pour plus de la moitié, et 23 soldats israéliens avaient été tués en dix jours d’intenses combats.