(Kaboul) Une des militantes féministes afghanes arrêtées en janvier après avoir participé à une manifestation contre le régime des talibans en Afghanistan a été relâchée vendredi, ont annoncé à l’AFP deux de ses proches.

Parwana Ibrahimkhel avait été arrêtée le 19 janvier à Kaboul, tout comme une autre militante, Tamana Zaryabi Paryani, quelques jours après leur participation à un rassemblement défendant l’accès des femmes à l’éducation et leur droit à travailler.

Les talibans ont toujours nié toute implication dans ces disparitions et assuraient avoir ouvert une enquête.  

Mme Ibrahimkhel a été libérée vendredi, après avoir été détenue pendant plus de trois semaines par les talibans, selon l’un de ses proches parents.

« Nous confirmons que Parwana a été libérée aujourd’hui », a-t-il déclaré à l’AFP, sous couvert d’anonymat. « Elle a été détenue par l’Émirat islamique (le nom donné par les talibans à leur régime, NDLR) ».

Sa libération a également été confirmée par Hoda Khamosh, une des figures de la contestation féministe en Afghanistan ces derniers mois.

« J’ai contacté les membres de sa famille proche et Parwana a été relâchée aujourd’hui, elle va bien », a-t-elle expliqué à l’AFP.  

Lors de l’arrestation de Parwana Ibrahimkhel et de Tamana Zaryabi Paryani, quatre proches des deux jeunes femmes avaient également disparu. Le sort de Mme Paryani et de ces quatre personnes restait inconnu vendredi soir.

Deux nouvelles militantes, Zahra Mohammadi et Mursal Ayar, ont été arrêtées par les talibans la semaine dernière, selon la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua). Leur sort est également inconnu.

Les talibans assurent s’être modernisés depuis leur qu’ils ont gouverné l’Afghanistan précédemment, de 1996 à 2001, lors duquel ils avaient largement piétiné les droits de la personne.

Mais depuis leur retour au pouvoir en août, ils répriment toute opposition. Ils ont notamment dispersé les manifestations de militantes des droits des femmes, arrêté certaines voix critiques de leur régime et ils ont tabassé ou arrêté plusieurs journalistes.

Les fondamentalistes islamistes ont également évincé les adolescentes de nombreux collèges et écoles publiques, imposé aux femmes l’accompagnement d’un homme de leur famille proche lors des longs trajets, et les ont exclues de la plupart des emplois publics.

Vendredi, les talibans ont également libéré deux journalistes étrangers, arrêtés à Kaboul alors qu’ils étaient en mission pour le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), ainsi que leurs collègues afghans.

Le pays est actuellement confronté à une grave crise humanitaire et la communauté internationale a posé le respect des droits de la personne comme condition préalable à un éventuel retour de l’aide internationale, qui représentait environ 75 % du budget afghan avant le retour au pouvoir des talibans.