(Paris) L’Iran a créé une milice de mercenaires pour conduire des attaques contre ses ennemis régionaux, en particulier au large du Yémen, a affirmé mercredi un groupe d’opposants iraniens en exil.  

Le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), interdit en Iran, soutient que cette unité est intégrée à la Force Qods, l’unité d’élite chargée des opérations extérieures des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique.  

« La force Qods a recruté des mercenaires pour de nouvelles unités terroristes armées et formées pour attaquer des navires et des cibles maritimes dans la région », a-t-il affirmé dans un communiqué. Le CNRI, bras politique des Moudjahidines du peuple (MEK en persan), précise que les mercenaires viennent d’Irak, du Liban, du Yémen et de pays africains.

Le MEK est un groupe d’opposition armé au pouvoir islamique. Il est qualifié de « secte terroriste » par Téhéran.

Le CNRI évoque l’existence d’un site d’entraînement à Ziba Kenar (Nord de l’Iran), sur la mer Caspienne, d’où les miliciens seraient ensuite organisés en commandos et déployés en mer d’Arabie, dans le détroit de Bab El-Mandeb entre le Yémen et la corne de l’Afrique, et en mer Rouge.

L’objectif, selon le CNRI, est de « perturber la navigation des navires commerciaux, attaquer les ports, prendre des navires en otage et poser des mines ».  

Il était impossible mercredi de vérifier dans l’immédiat ces allégations, publiées en pleines négociations à Vienne entre la République islamique et la communauté internationale sur le programme nucléaire iranien.

Dans la guerre qui déchire le Yémen depuis 2014, l’Iran soutient les rebelles houthis dans leur combat face au gouvernement, soutenu par l’Arabie saoudite.

Les tensions sont montées d’un cran ces derniers jours, avec le lancement d’une attaque de missiles contre l’allié régional des Saoudiens, les Émirats arabes unis (EAU). Les États-Unis ont dans la foulée décidé d’envoyer un navire de guerre dans la zone.  

Pour Pierre Razoux, directeur académique de la FMES (Fondation méditerranéenne d’études stratégiques), la force Qods a toujours eu pour objectif d’entraîner des supplétifs pour conduire des opérations asymétriques. « Ce qui est sans doute un peu nouveau, c’est qu’ils les fassent désormais pour les actions navales. Mais avec 200 mercenaires yéménites, ils n’iront pas loin », dit-il à l’AFP.  

En revanche, ajoute le chercheur, le moment choisi pour faire cette révélation « est certainement déterminé pour tenter de faire capoter les négociations sur le nucléaire iranien en faisant pression sur la délégation américaine ».