(Dubaï) Washington a annoncé l’envoi de renforts militaires pour aider les Émirats arabes unis face aux frappes des rebelles yéménites houthis qui se multiplient contre ce pays du Golfe, visé par une nouvelle attaque de drones, non revendiquée, déjouée mercredi.

Quelques heures après l’annonce des États-Unis, les Émirats, qui accueillent déjà des troupes américaines sur leur sol, ont dit mercredi soir avoir « intercepté et détruit loin des zones habitées trois drones hostiles ayant pénétré l’espace aérien (émirati) à l’aube ce jour ».

Le ministère de la Défense des Émirats a indiqué « être prêt à faire face à toute menace » et « prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger l’État et son territoire », dans un communiqué sur Twitter sans préciser la provenance des drones.

Le destroyer lance-missiles USS Cole, actuellement à Bahreïn, s’associera à la marine émiratie et fera escale à Abou Dabi, indique un communiqué de l’ambassade des États-Unis, ajoutant que Washington déploiera également des avions de combat de cinquième génération.

PHOTO MARINE AMÉRICAINE, VIA AGENCE FRANCE-PRESSE

Le destroyer lance-missiles USS Cole, actuellement à Bahreïn, s’associera à la marine émiratie et fera escale à Abou Dabi, selon le communiqué, qui informe que Washington déploiera également des avions de combat de cinquième génération.

Le déploiement américain, qui doit « aider les Émirats arabes unis à faire face à la menace actuelle », fait suite à un appel téléphonique mardi entre le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, et le prince héritier d’Abou Dabi et dirigeant de facto du pays, Mohammed ben Zayed al-Nahyane, affirme le communiqué sans préciser de date.

Une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite et dont font partie les Émirats intervient depuis 2015 au Yémen en soutien au gouvernement, en guerre contre les houthis, proches de l’Iran.

En janvier, les Émirats avaient été la cible de trois attaques revendiquées par les rebelles yéménites.

PHOTO AVIATION AMÉRICAINE

Deux F-35 et deux F-22 américains, des avions de combat de 5e génération, volant en formation.

Le 17, une attaque de drones et de missiles contre des installations pétrolières et l’aéroport d’Abou Dabi avait fait trois morts. Le 24, deux missiles balistiques dirigés contre la base aérienne d’Al-Dhafra, où sont stationnées les forces américaines, avaient été interceptés par ces dernières.

La troisième attaque, déjouée lundi, a coïncidé avec la première visite officielle du président israélien Isaac Herzog aux Émirats depuis que les deux pays ont normalisé leurs relations en 2020.

En représailles à ces attaques des houthis, la coalition avait mené plusieurs raids au Yémen.

« Signal clair »

Les États-Unis assurent, dans  le communiqué de l’ambassade à Abou Dabi, qu’ils continueront à fournir des renseignements pour la prévention d’attaques. Cette aide est un « signal clair que les États-Unis soutiennent les Émirats, partenaire stratégique de longue date », est-il ajouté.

PHOTO DIMITRI MESSINIS, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

En octobre 2000, le USS Cole avait été la cible d’une attaque revendiquée par al-Qaida, qui avait fait 17 morts dans l’équipage. On le voit ci-haut au port d’Aden, au Yémen, durant une inspection des dégâts.

Peu après sa prise de fonction, en février 2021, le président Joe Biden a retiré le soutien américain à la coalition intervenant au Yémen, revenant sur la politique de son prédécesseur Donald Trump.

Toutefois, Washington a approuvé en novembre la vente de missiles air-air d’une valeur de 650 millions de dollars (574,6 millions d’euros) au royaume saoudien.

Une vente de matériel militaire aux Émirats, approuvée dans les dernières semaines du mandat de Donald Trump et incluant 50 chasseurs furtifs F-35, pour un montant de 23 milliards de dollars, reste en cours de négociation.

« Détermination »

La multiplication des attaques des houthis contre les Émirats, riche pays du Golfe à la réputation d’oasis de paix au Moyen-Orient, marque une nouvelle étape dans la guerre du Yémen déclenchée en 2014.

Les rebelles yéménites assurent que leurs attaques visant les Émirats montraient leur « détermination à mettre à exécution leurs menaces ».

Mercredi, après l’annonce de renforts américains aux Émirats, un haut responsable des houthis, Sultan al-Samei, a affirmé que « ces nouvelles forces arrivant aux Émirats ne (les) effraient pas ».

« Nous continuerons à nous défendre jusqu’à ce que l’agression cesse et que les forces soutenues par les Émirats se retirent », a-t-il déclaré à Sanaa, la capitale du Yémen contrôlée par les houthis.

En 2019, les Émirats avaient « redéployé » leurs troupes alors présentes au Yémen, tout en restant un acteur influent dans le conflit. Les forces émiraties ont entraîné et armé des milices progouvernementales yéménites qui ont infligé des revers ces dernières semaines aux houthis.

Abou Dabi a appelé à plusieurs reprises Washington à replacer les rebelles sur la liste américaine des organisations terroristes, dont ils avaient été retirés l’année dernière pour faciliter le travail des humanitaires dans le pays.

L’ensemble des acteurs du conflit ont été accusés de « crimes de guerre » par des experts de l’ONU. Mise en cause pour de multiples « bavures », la coalition a reconnu des « erreurs » mais accuse les rebelles d’utiliser les civils yéménites comme boucliers humains.

Selon l’ONU, le conflit au Yémen a fait 377 000 morts et poussé les 30 millions d’habitants du pays au bord de la famine.