(Lahore) Au moins deux personnes ont été tuées et 22 blessées dans l’explosion d’une bombe jeudi devant une banque d’un quartier commerçant de Lahore (est), la deuxième plus grande ville du Pakistan, un attentat revendiqué par des séparatistes baloutches.

« Les premières investigations montrent que l’explosion a été causée par un engin doté d’un dispositif de minutage et placé sur une moto », a déclaré à l’AFP Rana Arif, porte-parole de la police de Lahore.

La police locale et une source hospitalière ont indiqué que deux personnes, dont un enfant de 9 ans, avaient été tuées, et 22 blessées, dans cette violente explosion qui a renversé des étals et endommagé plusieurs motos.

L’attentat, qui a visé les employés d’une banque du vieux quartier commerçant d’Anarkali, est une « réponse aux meurtres de femmes et d’enfants par les forces pakistanaises au Balouchistan », a indiqué un porte-parole de l’Armée nationale Baloutche (BNA), après avoir revendiqué l’explosion.

Il y aura d’autres attentats « à moins que le régime militaire organise des pourparlers sérieux […] sur la question de l’indépendance nationale et sur le retrait de ses troupes du sol baloutche », a ajouté ce porte-parole dans un communiqué diffusé sur la messagerie Telegram.

La BNA est un mouvement séparatiste baloutche récemment formé après l’union de deux groupes plus anciens.

Le premier ministre pakistanais, Imran Khan, a exprimé ses regrets pour « la perte de précieuses vies humaines », selon un de ses porte-parole.

Le Baloutchistan (sud-ouest), province la plus pauvre du Pakistan, est le théâtre de violences ethniques, sectaires et séparatistes. Elle est riche en hydrocarbures et en minerais, mais sa population-environ 7 millions d’habitants-se plaint d’être marginalisée et spoliée de ses ressources naturelles.

Elle est secouée par intermittence depuis des décennies par une rébellion séparatiste. Des groupes djihadistes y sévissent également.

Au Baloutchistan, d’importants chantiers du Corridor économique Chine-Pakistan (CPEC), pour lequel la Chine doit dépenser plus de 50 milliards de dollars (42 milliards d’euros), sont sortis de terre, dont son vaisseau amiral, le port en eaux profondes de Gwadar.

Baloutches spoliés

Ces projets chinois ont souvent créé un fort ressentiment dans la province, en particulier auprès des groupes séparatistes qui estiment que la population locale n’en tire aucun bénéfice, la plupart des emplois revenant à de la main-d’œuvre chinoise.

En mai 2019, l’hôtel de luxe surplombant le port de Gwadar avait été attaqué, au moins huit personnes trouvant la mort.  

Six mois auparavant, un assaut contre le consulat de Chine de Karachi, la plus grande ville du Pakistan et sa capitale économique et financière, avait coûté la vie à au moins quatre personnes.

Et en juin 2020, c’est la Bourse de Karachi, en partie propriété d’entreprises chinoises, qui avait été prise pour cible (au moins 4 morts).

Ces attaques avaient été revendiquées par l’Armée de libération du Baloutchistan (BLA), qui s’était justifiée en invoquant la mainmise sur les ressources locales par Islamabad et la Chine.

Le Pakistan est également confronté depuis quelques semaines au retour en force du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), les talibans pakistanais, galvanisés par l’arrivée au pouvoir des talibans en août en Afghanistan.

Le TTP, un mouvement distinct de celui des nouveaux dirigeants afghans, mais qui partage avec lui des racines communes, a revendiqué plusieurs attaques rien que depuis le début de la semaine, dont celle lundi contre un poste de contrôle de la police à Islamabad, au cours de laquelle un policier a été tué et deux blessés.

Ce genre d’attentat est rare dans la capitale, placée sous forte surveillance policière en raison de la présence de dizaines d’ambassades étrangères et où la sécurité s’était améliorée ces dernières années.

Le ministre pakistanais de l’Intérieur, Sheikh Rashid Ahmed, a mis en garde mardi contre la possibilité de nouvelles attaques et estimé que les autorités se devaient de « rester vigilantes ».

Le gouvernement pakistanais avait conclu une trêve d’un mois avec le TTP en fin d’année dernière, mais celle-ci a pris fin le 9 décembre,  aucune avancée n’ayant eu lieu dans les négociations de paix.