(Berlin) Les négociations pour sauver l’accord international sur le nucléaire iranien connaissent des « progrès modestes », a constaté jeudi le secrétaire d’État américain Antony Blinken mais ils sont encore trop lents au vu de l’accélération des activités nucléaires de Téhéran, selon son homologue français.

« Mon évaluation personnelle, après avoir parlé à tous nos collègues, est que le retour à la conformité mutuelle reste possible », a déclaré M. Blinken à Berlin après des entretiens avec ses homologues européens.  

« Nous avons constaté, je dirais, des progrès modestes au cours des deux dernières semaines dans les discussions » à Vienne, a-t-il ajouté.

De son côté, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a lui averti que la négociation « ne peut se poursuivre à un rythme aussi lent ».  

« Partiels, timides et lents »

Jugeant les progrès dans les pourparlers « partiels, timides et lents », le ministre a jugé qu’il y avait « urgence à ce qu’on change de rythme sinon ce sera inévitablement la fin du JCPOA (l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien) », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Berlin.

Le mois de « février sera absolument décisif. Nous n’avons plus beaucoup de temps », a de son côté précisé une source diplomatique française à l’AFP.

Un peu plus tôt, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a également appelé à des « progrès urgents » dans ces âpres négociations qui ont repris en novembre.

« Nous avons besoin de progrès très, très urgents », a souligné la cheffe de la diplomatie alors qu’un timide regain d’optimisme accompagne depuis quelques semaines les pourparlers à Vienne, après des débuts difficiles.

« Phase décisive »

« Les négociations de Vienne n’entrent pas dans une phase décisive, mais dans la phase décisive », a-t-elle ajouté, soulignant que « le temps nous est littéralement compté ».

Parallèlement aux discussions, l’Iran continue malheureusement de faire tourner la spirale de l’escalade nucléaire.

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock

Mercredi le président américain Joe Biden s’est montré lui aussi relativement optimiste sur la possibilité de sauver l’accord nucléaire avec l’Iran, assurant que le temps n’est « pas encore venu d’abandonner » les discussions.

Il a assuré que Washington était « à l’unisson » avec les autres pays signataires (Russie, France, Chine, Royaume-Uni et Allemagne) de l’accord conclu en 2015 avec l’Iran, et dont Donald Trump avait retiré les États-Unis trois ans plus tard.

Cet accord offrait à Téhéran la levée d’une partie des sanctions internationales en échange d’une réduction drastique de ses ambitions dans le secteur nucléaire, placé sous le strict contrôle de l’ONU.

Mais après le retrait unilatéral des Américains, Téhéran a progressivement abandonné ses engagements. Les États-Unis ont en retour imposé des sanctions.

Des pourparlers ont été relancés en novembre à Vienne pour faire revenir Washington dans ce pacte et ramener Téhéran au respect de ses engagements.