(Jérusalem) La police israélienne, qui tentait depuis lundi d’expulser une famille palestinienne de sa maison à Jérusalem-Est occupé et annexé par l’État hébreu, a dû faire marche arrière mardi, plusieurs des habitants menaçant de s’immoler.

La famille Salhiya est menacée d’éviction depuis 2017, le terrain sur lequel se trouve la maison familiale à Cheikh Jarrah ayant été alloué pour la construction d’une école, dans ce quartier du secteur palestinien de Jérusalem.

En mai, des manifestations de soutien à des familles palestiniennes menacées d’expulsion à Cheikh Jarrah avaient dégénéré en heurts avec la police et des colons israéliens, prémices d’une nouvelle flambée de violences meurtrières entre Israël et la bande de Gaza.

Lundi, peu après l’arrivée de policiers israéliens pour tenter d’exécuter l’ordre d’expulsion, des membres de la famille Salhiya se sont retranchés avec un baril d’essence sur le toit de leur maison, menaçant de s’immoler s’ils sont forcés de quitter les lieux.

Des enfants de la famille Salhiya étaient toujours retranchés sur le toit mardi quand les forces de l’ordre se sont retirées de Cheikh Jarrah, a affirmé à l’AFP leur père, Mahmoud.

Selon lui, aucun accord n’a été conclu avec la police, mais les avocats de la famille ont déposé mardi une requête auprès de la Cour suprême pour annuler l’ordre d’expulsion.

De son côté, la municipalité israélienne de Jérusalem a réaffirmé mardi à l’AFP son intention d’exécuter l’ordre d’évacuation, conformément à une décision de justice, accusant la famille Salhiya d’occuper « illégalement » les lieux.

« Une tout autre histoire »

Des dizaines de personnes ont organisé des veillées autour de feux de camp à proximité de la maison des Salhiya, selon un journaliste de l’AFP.

En soirée, un porte-parole de la police israélienne a affirmé à l’AFP que des Palestiniens ont lancé des pierres sur des membres des forces de l’ordre qui passaient dans le quartier. Des grenades assourdissantes ont été utilisées pour les disperser, sans faire de blessés, a indiqué la même source.

A Jérusalem-Est, des centaines de familles palestiniennes présentes depuis des décennies sont confrontées à des ordres d’expulsion au profit de colons juifs. Sept familles ont déjà fait appel à la Cour suprême contre des avis d’expulsion.

Quelque 210 000 Israéliens sont installés à Jérusalem-Est dans des colonies illégales au regard du droit international, alors que les Palestiniens revendiquent le secteur comme la capitale de leur futur État.

D’après la loi israélienne, si des juifs peuvent prouver que leur famille vivait à Jérusalem-Est avant la guerre de 1948 et la création d’Israël, ils peuvent demander à ce que leur soit rendu leur « droit de propriété ».

Une telle loi n’existe toutefois pas pour les Palestiniens ayant perdu leurs biens pendant la guerre. Et les familles palestiniennes assurent avoir légalement acheté leurs propriétés aux autorités jordaniennes, qui ont contrôlé Jérusalem-Est de 1948 à 1967.

Mais selon la maire adjointe de Jérusalem, Fleur Hassan-Nahoum, le cas des Salhiya est « une tout autre histoire ». Lors d’un point de presse, elle a accusé la famille d’utiliser illégalement un terrain qui ne lui a jamais appartenu, assurant que la municipalité l’avait acheté « à des propriétaires arabes » afin d’y construire une école pour des enfants palestiniens.