(Ramallah) Dix Palestiniens ont été tués vendredi en Cisjordanie occupée dans des heurts avec l’armée israélienne, en marge d’une journée de manifestations de colère, selon un nouveau bilan du ministère de la Santé palestinien.

Ces incidents surviennent sur fond d’une escalade militaire inédite depuis 2014 entre Israël et le mouvement palestinien Hamas, dans et autour de la bande de Gaza, et de violences dans des villes israéliennes mixtes arabes et juives.

La plupart des Palestiniens tués vendredi en Cisjordanie l’ont été à balles réelles lors de manifestations ayant dégénéré en affrontements avec l’armée dans plusieurs localités, a rapporté le ministère de la Santé.

Environ 150 personnes ont également été blessées, elles aussi en majorité par des tirs à balles réelles, selon cette source.

PHOTO ABBAS MOMANI, AGENCE FRANCE-PRESSE

Les forces israéliennes tirent du gaz lacrymogène sur des manifestants près de la colonie juive de Beit El.

Sollicitée par l’AFP, l’armée israélienne n’a pas commenté ces informations dans l’immédiat.

Sur le total, sept Palestiniens ont été tués dans le nord de la Cisjordanie – la plupart dans la région de Naplouse –, un à Jéricho, un à Ramallah (centre) et un autre près de Hébron (sud), d’après le ministère.

Ces nouveaux morts s’ajoutent aux quatre Palestiniens tués par l’armée en Cisjordanie depuis lundi, date à laquelle ont débuté les échanges de tirs entre Israël et le mouvement islamiste Hamas au pouvoir à Gaza, d’après des sources palestiniennes.

De nombreux rassemblements ont traditionnellement lieu à travers la Cisjordanie occupée le vendredi, jour de repos hebdomadaire, pour protester contre l’expansion des colonies israéliennes, illégales au regard du droit international.

Ce vendredi, les manifestations ont également dénoncé les frappes israéliennes sur la bande de Gaza, qui ont débuté lundi en riposte à des tirs de roquettes et qui ont fait plus de 120 morts, dont 31 enfants, et 900 blessés. En Israël, neuf personnes ont été tuées dont un enfant et plus de 560 blessées.

« Gaza attaquée », « Les vies palestiniennes comptent », pouvait-on lire sur des pancartes brandies par des manifestants à Naplouse. À Ramallah, ville où siège l’Autorité palestinienne, des milliers de personnes ont manifesté, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« Émeutes »

Le ministère de la Santé a appelé vendredi soir les citoyens à donner du sang au vu de la situation.

Après l’annonce d’un premier Palestinien tué à la mi-journée, l’armée a indiqué avoir « neutralisé un assaillant » à une position militaire près de la colonie israélienne d’Ofer, dans le secteur de Ramallah.

Selon l’armée, un soldat a tiré sur l’assaillant qui venait d’accélérer en sa direction à bord d’une voiture, avant d’en sortir et de tenter de le poignarder.

Après l’annonce d’un deuxième décès, l’armée avait rapporté des émeutes dans le village de Yabad (nord), durant lesquelles « des dizaines de Palestiniens ont jeté des pierres, incendié des pneus et lancé des feux d’artifice en direction de soldats ».

« Les soldats ont riposté avec des moyens de dispersion anti-émeute et en ouvrant le feu en direction du principal instigateur de l’émeute », a indiqué l’armée dans un communiqué.

L’armée israélienne occupe depuis 1967 la Cisjordanie, territoire palestinien séparé de l’enclave de Gaza par le sol israélien.  

Environ 475 000 colons israéliens vivent en Cisjordanie, où habitent plus de 2,8 millions de Palestiniens.