(Washington) Un accord pour sauver l’accord sur le nucléaire iranien est « possible » dans les prochaines semaines, avant les élections de juin en Iran, à condition que Téhéran le veuille vraiment, a déclaré jeudi un haut responsable américain à la veille de la reprise des négociations à Vienne.

Ce responsable a également confirmé que des « discussions indirectes » étaient « activement » en cours avec les Iraniens pour obtenir « immédiatement » la libération des prisonniers américains détenus en Iran, sans toutefois vouloir dire s’il s’agissait d’une condition préalable à un accord sur le volet nucléaire.

Des négociations indirectes ont démarré début avril dans la capitale autrichienne entre les États-Unis et l’Iran, par l’intermédiaire des autres signataires de l’accord conclu en 2015 pour empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique (Union européenne, Allemagne, France, Royaume-Uni, Chine et Russie).

Objectif : trouver les conditions pour un retour de Washington dans ce « plan d’action » (JCPOA, selon son acronyme anglais), dont l’ex-président américain Donald Trump avait claqué la porte, mais que son successeur Joe Biden veut rejoindre.

Pour cela, les deux pays ennemis doivent s’accorder sur la levée des sanctions rétablies par Donald Trump et sur un retour concomitant dans les clous de Téhéran, qui a commencé à s’affranchir de ses contraintes nucléaires en riposte à la « pression maximale » américaine.

Les trois premières sessions des pourparlers ont été « sérieuses » et « constructives », a estimé ce responsable américain, sous couvert de l’anonymat.

Alors que la Russie a évoqué l’objectif de conclure un accord dans une quinzaine de jours, avant que la campagne pour la présidentielle du 18 juin en Iran ne parasite totalement les discussions, Washington n’a pas exclu cette possibilité.

« Est-il possible d’avoir un accord avant les élections iraniennes ? Oui, absolument », a dit ce responsable. « C’est faisable, car on ne doit pas inventer un nouvel accord, il s’agit juste d’en ressusciter un qui a été malmené. »

« Cruauté sans nom »

Mais il a affirmé que la grande inconnue restait la volonté des dirigeants iraniens.

« Si l’Iran prend la décision politique de sincèrement vouloir revenir dans le JCPOA tel qu’il avait été négocié à l’origine, cela peut être fait assez rapidement et la mise en œuvre de ce retour peut se dérouler aussi relativement vite », a-t-il dit. « Mais nous ne savons pas si l’Iran a pris une telle décision », et l’enjeu de la quatrième session qui s’ouvre vendredi sera de voir « si les choses avancent ou si nous sommes toujours confrontés à des demandes irréalistes de l’Iran », a-t-il ajouté.

Selon lui, il n’y a pas encore d’accord sur le volet sanctions et contraintes nucléaires, mais « les États-Unis ont dit clairement ce qu’ils étaient prêts à faire » en termes de levée des mesures punitives « et l’Iran a une idée assez claire du fait qu’il pourra à nouveau jouir des avantages économiques liés au JCPOA ».

En parallèle de ces discussions, des médias iraniens ont fait état le week-end dernier d’un accord entre Washington et Téhéran pour un échange de prisonniers, démenti par les deux pays.

« Il n’y a pas d’accord », a redit jeudi ce responsable américain, accusant l’Iran d’avoir fait preuve d’une « cruauté sans nom » en laissant filtrer des informations ayant donné de faux espoirs aux familles.

« Sur la question des détenus, des discussions sont activement en cours, des discussions indirectes. Elles sont indépendantes des discussions sur le JCPOA », a-t-il expliqué. « Nous sommes engagés très intensément dans un processus pour voir si on peut les ramener à la maison auprès de leurs proches dès que possible. »

« Nous voulons une solution rapide, immédiatement », a-t-il ajouté, assurant que le gouvernement américain ne donnait pas la priorité à un accord sur le nucléaire. « Nous voulons résoudre la question des détenus immédiatement », a-t-il insisté.