(La Haye) La suspension des droits de vote de la Syrie au sein de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) montre « l’engagement éthique » de la communauté internationale à éliminer ce type d’armements, a estimé jeudi le directeur général de l’organisme, Fernando Arias.

Les États membres de l’OAIC ont adopté mercredi à La Haye, siège de l’organisation, une motion, soutenue par des pays occidentaux, privant Damas de ses « droits et privilèges », une mesure inédite dans l’histoire de l’OIAC, fondée il y a près d’un quart de siècle pour débarrasser le monde des armes chimiques, et lauréate du prix Nobel de la paix en 2013.

Damas et son allié russe ont dénoncé cette décision, accusant les puissances occidentales de se servir de l’OIAC comme d’un « instrument politique ».

Avec cette décision, les États membres ont « réaffirmé que l’utilisation d’armes chimiques est la plus grave violation possible de la Convention » sur l’interdiction des armes chimiques, a estimé de son côté jeudi le directeur général de l’OAIC.

« En décidant de s’attaquer à la possession et à l’utilisation d’armes chimiques par un État membre, la Conférence a réitéré l’engagement éthique de la communauté internationale à faire respecter les règles contre ces armes », a ajouté Fernando Arias.

La France a déposé cette motion au nom de 46 pays, dont la Grande-Bretagne et les États-Unis, après la publication l’an dernier d’une enquête de l’OAIC attestant que l’aviation syrienne a utilisé du sarin et du chlore lors de trois attaques en mars 2017 sur le village de Latamné (Nord) tenu par des rebelles.

La Syrie nie catégoriquement, affirmant que ces attaques ont été mises en scène, et assure avoir remis tous ses stocks d’armes chimiques sous supervision internationale aux termes d’un accord conclu en 2013, lorsqu’elle a rejoint l’OIAC, après une attaque présumée au sarin, un agent neurotoxique, qui a tué 1400 personnes dans la banlieue de Damas.

Quatre-vingt-sept pays ont voté en faveur de la motion, 15 — dont la Syrie, la Russie, la Chine et l’Iran — ont voté contre et 34 se sont abstenus.

Outre la privation de son droit de vote à la conférence annuelle des pays membres,  la Syrie ne sera plus éligible au Conseil exécutif et ne pourra plus occuper aucun poste au sein de l’OAIC. Ses droits resteront suspendus jusqu’à ce que les États membres décident que Damas a entièrement déclaré toutes ses armes chimiques et ses installations de fabrication d’armes, selon la motion.