(Ankara) Un procureur turc a saisi mercredi la Cour constitutionnelle pour réclamer l’interdiction du principal parti prokurde de Turquie, qu’il accuse d’activités « terroristes », a rapporté l’agence de presse étatique Anadolu.

Selon Anadolu, le procureur en question a envoyé un acte d’accusation à la haute cour demandant l’ouverture d’un procès pour interdire le Parti démocratique des peuples (HDP), troisième formation politique du pays régulièrement vilipendée par le président Recep Tayyip Erdogan.

Dans son acte d’accusation, le procureur estime que « les membres du HDP s’efforcent, par leurs déclarations et leurs actes, de détruire l’union indivisible entre l’État et la nation », d’après Anadolu.

La Cour constitutionnelle doit encore accepter cet acte d’accusation pour que la date d’un procès soit fixée.

Cette annonce intervient après plusieurs semaines d’attaques verbales croissantes contre le HDP de la part de M. Erdogan et de son partenaire de coalition informelle, le Parti d’action nationaliste (MHP, extrême droite).

Le chef de l’État accuse le HDP d’être la « vitrine politique » du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe qui mène une sanglante guérilla en Turquie et est qualifié de « terroriste » par Ankara et ses alliés occidentaux.

Les critiques contre le HDP ont redoublé d’intensité après une intervention militaire turque avortée visant à secourir 13 otages aux mains du PKK en Irak, qui s’est soldée par la mort de tous les prisonniers mi-février.

La demande de fermeture du HDP intervient par ailleurs quelques heures après que le Parlement turc ait déchu de son mandat un député de cette formation, Faruk Gergerlioglu.

Le HDP, qui rejette fermement les accusations d’« activités terroristes », se dit victime de persécution en raison de son opposition à M. Erdogan.

Deuxième formation d’opposition la plus représentée au Parlement, le HDP fait l’objet d’une répression implacable depuis 2016, année où son charismatique chef de file, Selahattin Demirtas, a été emprisonné.

Depuis 2016, plusieurs centaines de ses membres ont été arrêtés et des dizaines de ses maires élus dans le sud-est majoritairement kurde de la Turquie ont été remplacés par des administrateurs nommés par le gouvernement.