(Ryad) L’Arabie saoudite a annoncé jeudi avoir intercepté un missile balistique et deux drones lancés vers son territoire par les rebelles houthis du Yémen, au lendemain d’un tir des rebelles sur un aéroport saoudien.

L’attaque rebelle de mercredi contre l’aéroport international d’Abha, en Arabie saoudite, a été condamnée jeudi par l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France.

Les houthis, qui luttent contre le gouvernement yéménite et sont soutenus par l’Iran, ont intensifié leurs attaques contre le royaume saoudien et contre les forces yéménites soutenues par Riyad.

Cette recrudescence des attaques intervient quelques jours après que les États-Unis ont décidé de retirer les rebelles de leur liste des organisations considérées comme terroristes et de relancer les efforts en vue de mettre fin au conflit qui dure depuis six ans.

La coalition militaire menée par Riyad a annoncé qu’un drone armé lancé par des rebelles yéménites avait été intercepté jeudi matin.

Ce drone visait la ville garnison de Khamis Mushait, dans le sud de l’Arabie saoudite, qui abrite une importante base aérienne, et il a été détruit avant d’atteindre son objectif, a déclaré Turki al-Maliki, porte-parole de la coalition, cité par l’agence de presse officielle saoudienne SPA.

Quelques heures plus tard, la coalition a annoncé qu’elle avait aussi intercepté un missile balistique lancé par les rebelles vers Khamis Mushait et un autre drone chargé d’explosif qui visait la même région du territoire saoudien.

La coalition n’a pas fait état de victimes ni de dégâts.

La veille, les rebelles ont lancé des drones sur l’aéroport international d’Abha, dans le sud-ouest de l’Arabie saoudite.

La coalition a annoncé que l’attaque avait mis le feu à un avion commercial. Les houthis ont soutenu avoir visé des « objectifs militaires » se trouvant selon eux dans l’aéroport.

Les États-Unis ont exhorté dans la foulée les rebelles à « cesser immédiatement leurs agressions », après avoir demandé lundi « la fin de toute nouvelle offensive militaire au Yémen ».

L’attaque sur l’aéroport d’Abha a été au centre d’un entretien téléphonique entre le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhan, a rapporté jeudi l’agence SPA.

Tim Lenderking, émissaire du président américain Joe Biden pour le Yémen, a été reçu mercredi soir à Riyad avec l’émissaire de l’ONU au Yémen, Martin Griffiths, par le prince Khaled ben Salmane, vice-ministre de la Défense chargé du dossier yéménite.

De plus, Antony Blinken s’est entretenu de l’attaque contre l’aéroport avec le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhan.

Fin du soutien américain

Washington a annoncé il y a quelques jours la fin de son soutien aux opérations militaires de la coalition au Yémen et a retiré les houthis de sa liste des organisations qualifiées de terroristes, tout en réitérant son engagement à aider les Saoudiens à défendre leur territoire.

L’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France ont annoncé jeudi dans un communiqué commun qu’elles « condamnent fermement » l’attaque des rebelles contre l’aéroport d’Abha, commise « en violation du droit international ».

« Les attaques continues de cette nature, qui visent notamment des zones civiles en violation du droit international, illustrent la gravité de la menace que représente la prolifération des drones pour la stabilité de la région », estiment Berlin, Londres et Paris.

Parallèlement à leurs attaques transfrontalières, les houthis ont repris l’offensive qu’ils ont lancée pour tenter de prendre le contrôle d’un bastion tenu par les forces gouvernementales dans le nord du Yémen.

Des combats se sont encore déroulés près de la ville de Marib autour d’un camp militaire du gouvernement, a précisé à l’AFP un commandant loyaliste.

Les affrontements ont fait quinze morts côté loyaliste et 23 morts côté rebelle, selon ce commandant.

Le camp Koufel « a été pris par les houthis mais ils ont été délogés sous la pression des raids aériens », a-t-il déclaré.

La guerre au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés, selon des organisations internationales. Elle a provoqué la pire crise humanitaire actuellement dans le monde, d’après l’ONU.

Les houthis sont soutenus par l’Iran chiite, rival régional de l’Arabie saoudite sunnite.