(Paris) Paris et Moscou ont appelé jeudi Téhéran à la responsabilité dans le dossier du nucléaire iranien, au lendemain du début de sa production d’uranium métal, dernière violation en date de ses engagements de l’accord de 2015.

« Afin de préserver l’espace politique pour la recherche d’une solution négociée, nous appelons l’Iran à ne prendre aucune nouvelle mesure qui aggraverait encore la situation sur le plan nucléaire », a indiqué le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.  

« Si nous comprenons la logique et les raisons qui motivent l’Iran, il est nécessaire de faire preuve de retenue et d’une approche responsable », a déclaré pour sa part à l’agence de presse Ria Novosti le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov.

Ouverture de l’administration Biden

L’installation de l’administration Biden aux États-Unis laisse espérer des avancées diplomatiques possibles sur le sujet après la politique de « pression maximale » exercée par son prédécesseur.  

Mais Téhéran comme Washington appellent chacun l’autre camp à faire le premier pas pour une véritable reprise du dialogue.

« La France se félicite de la volonté confirmée de la nouvelle administration américaine de revenir à une approche diplomatique du dossier nucléaire iranien, dans la perspective d’un retour au JCPoA », nom donné à l’accord de Vienne de 2015, a précisé le Quai d’Orsay.  

Sergueï Riabkov a de son côté appelé les États-Unis à « lever les sanctions prises contre Téhéran » et « ne pas faire traîner les choses en longueur ».

« L’administration Biden ne cesse de parler du respect du JCPOA (nom donné à l’accord de Vienne de 2015, NDLR). À quel titre ? Les États-Unis ont cessé d’y participer en mai 2018, violé le JCPOA et puni ceux qui respectaient les résolutions des Nations unies. À ce jour, les États-Unis en sont EXACTEMENT au même point. Avant de pérorer, RESPECTEZ », a tweeté le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.

Mercredi soir, l’Agence internationale de l’énergie atomique avait annoncé avoir « procédé le 8 février à la vérification de 3,6 grammes d’uranium métal dans l’usine d’Ispahan », au centre de l’Iran.

Si ce n’est pas une surprise — l’Iran avait fait savoir mi-janvier qu’il avançait dans cette direction —, le sujet est sensible, car l’uranium métal peut être utilisé dans la fabrication d’armes nucléaires.

La République islamique a toujours nié vouloir se doter de la bombe, même si l’l’Agence internationale de l’énergie atomique avait établi le contraire en 2011.

Mais Paris et Moscou ont exprimé leurs inquiétudes. « Cela n’incite pas à l’optimisme », a estimé le ministre russe, tandis que la France jugeait la situation « préoccupante » du fait de « l’accumulation des violations par l’Iran de l’accord de Vienne ».