(Beyrouth) Les autorités libanaises ont resserré lundi les mesures de confinement, imposant notamment un couvre-feu de 24 heures pendant 11 jours, face à une flambée importante des cas de COVID-19 au pays.

L’annonce des restrictions qui entreront en vigueur jeudi matin a provoqué une panique dans les supermarchés. Des citoyens faisaient la file pour s’approvisionner en nourriture, suscitant des craintes sur la possibilité que la foule ne propage davantage le coronavirus.

Il est interdit de sortir dans la rue et sur les routes entre 5 heures du matin le jeudi 14 janvier 2021 et 5 heures du matin le lundi 25 janvier,

Communiqué diffusé lundi à l’issue d’une réunion du Conseil supérieur de la défense.

Les Libanais ne pourront donc pas sortir de chez eux pendant cette période, même pas pour faire des courses alimentaires, faire de l’exercice ou promener leur animal domestique. Quelques exceptions sont prévues pour le personnel de santé, les journalistes, des employés du secteur alimentaire et d’autres travailleurs jugés essentiels.

Les supermarchés ne feront que des livraisons. Des rumeurs concernant leur possible fermeture totale a provoqué un vent de panique à travers le pays, des foules dévalisant certains rayons.

Les hôpitaux débordent

Le Liban venait tout juste d’annoncer un confinement national la semaine dernière. Mais beaucoup d’intervenants, dont le ministre de la Santé et les responsables d’un comité gouvernemental, ont jugé que les mesures étaient trop indulgentes, car elles exemptaient de nombreux secteurs, comme les fleuristes, les pépinières et les usines. Les hôpitaux, quant à eux, manquaient de lits alors que les cas de COVID-19 se multipliaient rapidement.

Certains détracteurs du gouvernement ont déclaré que ses politiques non coordonnées et hésitantes l’ont empêché de contenir le virus.

Par exemple, malgré une augmentation des infections, le gouvernement a assoupli les restrictions avant les célébrations de Noël et du Nouvel An, dans l’espoir de stimuler une économie locale en ruines, lorsque des milliers d’expatriés libanais sont arrivés dans le pays. Les bars et les boîtes de nuit, qui avaient été fermés pendant des mois, ont pu ouvrir leurs portes.

Depuis, les taux d’infection quotidiens ont dépassé les 3000 cas, atteignant un record de plus de 5000 la semaine dernière. Les médecins et experts disent que l’ampleur de la propagation n’a pas encore été ressentie et prévoient que les chiffres vont monter en flèche dans les prochains jours, submergeant les établissements de santé dans le pays de près de 6 millions d’habitants.

Des spectateurs au soccer

Malgré le confinement annoncé la semaine dernière, un match de soccer devant public a été autorisé dimanche dans la province de Tripoli.

La flambée des cas a épuisé le secteur des soins de santé, incitant les législateurs et les responsables à réclamer un couvre-feu de 24 heures sans exemption et la fermeture de l’aéroport.

Le gouvernement a décrété un « état d’urgence sanitaire » du 14 au 25 janvier, qui comprend un couvre-feu 24 heures sur 24. Le premier ministre par intérim du Liban a déclaré plus tôt que le pays était entré dans une « zone très critique » dans la bataille contre le coronavirus.

Dimanche, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué que 81,7 % des lits d’hôpital libanais étaient occupés et que le taux d’occupation des lits dans les unités de soins intensifs avait atteint 91,4 %, avec un sommet à Beyrouth. Quelque 2295 travailleurs de la santé avaient été infectés en date du 10 janvier, contre 2015 la semaine dernière.

Depuis février, le Liban a enregistré plus de 219 000 infections et 1606 décès. Les hôpitaux ont appelé le gouvernement à transformer tous les établissements de soins de santé en lieux de traitement des patients atteints de coronavirus, affirmant que les 15 000 lits d’hôpitaux étaient nécessaires pour faire face à la nouvelle montée des cas.