(Kaboul) Les talibans ont nié dimanche avoir assassiné des dizaines d’anciens membres des forces de sécurités afghanes depuis leur retour au pouvoir, comme évoqué la veille par les États-Unis, leurs alliés occidentaux et des organisations de défense des droits de l’Homme.

« Ces informations ne sont fondées sur aucune preuve. Nous les rejetons », a déclaré le porte-parole du ministère taliban de l’Intérieur, Qari Sayed Khosti, dans un message vidéo envoyé à la presse.

« Il y a eu des cas de meurtres d’anciens membres des forces de sécurité » du gouvernement renversé l’été dernier, « mais à cause de rivalités ou inimitiés personnelles », a-t-il affirmé.

« S’ils ont des documents et preuves, ils devraient nous les montrer », a-t-il ajouté à l’adresse des Occidentaux, en jugeant « injuste » d’accuser les talibans de ces meurtres.

M. Khosti a rappelé que les talibans avaient, après leur retour au pouvoir, décrété une amnistie générale pour toutes les forces de sécurité de l’ancien régime.

Nombre d’entre eux « vivent tranquillement » dans le pays grâce à cette amnistie, alors qu’ils ont « tué des centaines de combattants [talibans] et de civils » au cours des deux dernières décennies de guerre, a-t-il affirmé.

Samedi, les États-Unis et une vingtaine de pays, dont la Grande-Bretagne et le Japon, ainsi que l’Union européenne, s’étaient dits « profondément préoccupés » par les « exécutions sommaires » d’anciens membres des forces de sécurité par le régime taliban, révélées par des organisations de défense des droits de l’homme, et ont demandé l’ouverture rapide d’enquêtes.

Dans la semaine, l’ONG Human Rights Watch avait publié un rapport qui, selon elle, documente « des meurtres ou des disparitions dont ont été victimes 47  anciens membres des forces nationales de sécurité afghanes qui se sont rendus ou étaient détenus par les forces talibanes entre le 15  août et le 31 octobre ».

Washington et ses alliés ont réclamé des « enquêtes rapides et transparentes ». « Nous continuerons de juger les talibans sur leurs actes », ont-ils aussi rappelé.

Les talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan en août, alors que le gouvernement soutenu par les États-Unis à Kaboul et son armée s’effondraient.

Leur retour aux commandes du pays a fait craindre un retour du régime brutal et rigoriste de leur premier règne entre 1996 et 2001, marqué par leur violente répression des opposants et l’interdiction faite aux femmes de travailler, étudier ou sortir seules.

Ils n’ont pas officiellement réitéré ces interdits depuis leur retour au pouvoir, mais ont jusqu’ici limité les possibilités pour les femmes de travailler et pour les jeunes filles d’étudier.