(Manama) L’émissaire américain pour l’Iran, Rob Malley, a averti vendredi que Téhéran n’allait « pas dans la bonne direction » après avoir nettement augmenté son stock d’uranium hautement enrichi, à 10 jours de la reprise des négociations sur son programme nucléaire controversé.

« Les avancées de l’Iran sèment l’inquiétude dans la région […] Le temps presse pour un retour dans l’accord », a déclaré Rob Malley à Manama, au Bahreïn, lors d’une conférence sur la sécurité.

PHOTO BRENDAN SMIALOWSKI, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

L’émissaire américain pour l’Iran, Rob Malley

Après cinq mois de suspension en raison de l’élection du nouveau président iranien ultraconservateur Ebrahim Raïssi, les négociations entre l’Iran et les grandes puissances doivent reprendre à Vienne le 29 novembre pour tenter de sauver l’accord de 2015 censé empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire.

Ces discussions se tiennent entre Téhéran et les autres signataires (France, Allemagne, Royaume-Uni, Russie et Chine) encore parties au pacte, et avec la participation indirecte des États-Unis, qui se sont retirés unilatéralement de l’accord en 2018.

Dans la foulée de ce retrait, Washington a rétabli les sanctions économiques contre l’Iran qui s’est en riposte progressivement affranchi de ses engagements pris dans l’accord.

Mercredi, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a fait état d’une nette augmentation du stock d’uranium hautement enrichi par Téhéran, en violation de ces mêmes engagements.

« Si l’Iran continue à ce rythme, le moment viendra où il sera impossible de tirer des bénéfices même en revenant dans l’accord », a dit Rob Malley.

S’ils s’en tiennent à leurs déclarations, nous n’allons malheureusement pas dans la bonne direction. Mais attendons de voir ce qu’il va se passer.

Rob Malley, émissaire américain pour l’Iran

Le diplomate a assuré que les États-Unis partageaient un « objectif commun » avec la Russie et la Chine pour « éviter la crise qui pourrait se déclencher si l’Iran continuait dans cette voie ». « Notre intention claire en revenant dans l’accord est de s’y tenir car nous ne voulons pas voir de crise nucléaire. »

Dans un tweet, Rob Malley a fait état d’une conversation téléphonique « très constructive » avec les vice-ministres des Affaires étrangères de Russie et de Chine, Sergueï Riabkov et Ma Zhaoxu.

« Nos trois pays sont absolument sur la même longueur d’onde sur la nécessité d’un retour au respect total » de l’accord et y travaillent « en harmonisant » leurs approches en vue de la reprise des négociations, a-t-il dit.