(Washington) Le Qatar représentera désormais les intérêts américains en Afghanistan, à la suite de la fermeture de l’ambassade des États-Unis à Kaboul après la prise du pouvoir des talibans en août, a annoncé vendredi le chef de la diplomatie Antony Blinken.

Recevant son homologue qatari à Washington, le secrétaire d’État américain a signé un accord établissant une section dédiée aux intérêts américains au sein de l’ambassade du Qatar dans la capitale afghane.

Les États-Unis sont « reconnaissants » du « leadership » et du « soutien » du Qatar vis-à-vis de l’Afghanistan, a-t-il souligné, en présence du ministre qatari des Affaires étrangères Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani.

Le Qatar, qui héberge une importante base militaire américaine, a joué un rôle crucial lors de la fin de l’intervention des États-Unis en Afghanistan, à la fois en termes diplomatiques mais aussi logistiques pour les opérations d’évacuation.

Environ la moitié des 124 000 évacués, des ressortissants étrangers et des Afghans se disant menacés de représailles des talibans, sont passés par le Qatar.

Les opérations consulaires américaines concernant l’Afghanistan étaient déjà gérées au Qatar depuis l’arrivée au pouvoir des islamistes.

Cet accord est une victoire diplomatique pour Doha, qui est parvenu à s’imposer comme un partenaire indispensable pour les États-Unis sur les questions liées à l’Afghanistan.

Le Qatar a endossé ce rôle au moment où l’Arabie saoudite, appuyée par d’autres monarchies du Golfe dont les Émirats arabes unis, tentaient de l’isoler sur la scène internationale en raison notamment de ses liens avec l’Iran.

« Le Qatar est un partenaire crucial pour promouvoir la stabilité régionale », a souligné Antony Blinken vendredi, citant notamment l’aide qatarie aux Palestiniens.

Exigences américaines

L’émissaire américain pour l’Afghanistan Thomas West avait indiqué lundi qu’une réouverture de l’ambassade des États-Unis à Kaboul n’était pas à l’étude.

Les États-Unis, comme le reste de la communauté internationale, n’ont pas reconnu le gouvernement mis en place par les islamistes qui ont pris le pouvoir mi-août en Afghanistan, en plein retrait des forces américaines qui les avaient combattus pendant 20 ans.

Parmi les exigences américaines, avant d’envisager tout geste diplomatique à l’égard des talibans, figurent le respect des droits de l’homme et notamment des femmes, la lutte contre les « groupes terroristes » et la possibilité, pour les Américains et les Afghans qui ont travaillé avec l’armée américaine et redoutent des représailles, de quitter le pays sans entrave.

Le département d’État a contacté tous les citoyens américains et résidents permanents encore en Afghanistan et mis en œuvre l’évacuation de 580 d’entre eux depuis la fin du retrait américain le 31 août, a indiqué M. Blinken.

Le Qatar a affrété 15 vols nolisés vers l’Afghanistan depuis la victoire des talibans et, avec la Turquie, a proposé de mener la rénovation de l’aéroport de Kaboul.

« Abandonner l’Afghanistan serait une grosse erreur », a estimé Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani. « Ils ont un besoin pressant d’aide, surtout avec l’arrivée de l’hiver. »

« Nous pensons qu’il est très important que nous parlions aux talibans, puisqu’ils sont au pouvoir actuellement, afin d’être en mesure de faciliter l’aide humanitaire », a-t-il ajouté.