(Kaboul) Un grave manque de fonds et l’arrivée prochaine de l’hiver pourraient plonger l’Afghanistan dans « une crise humanitaire majeure » prévoit le directeur régional de la Croix-Rouge si l’aide internationale n’est pas rapidement reconduite pour financer les soins de santé et les salaires des employés de l’État.

Selon Alexander Matheou, l’Afghanistan s’apprête à vivre « des mois extrêmement difficiles » avec la chute des températures et une pénurie alimentaire provoquée par les sécheresses et la pauvreté. D’importantes coupes dans les budgets des services de santé mettent également de nombreux Afghans vulnérables à risque particulièrement dans les régions rurales.

Cet avertissement de la Croix-Rouge arrive au moment où les talibans au pouvoir ont eu recours à des coups de feu pour mettre fin à une manifestation menée par des femmes réclamant le droit à l’éducation à Kaboul.

Ces femmes ont brandi des affiches mentionnant « Ne brûlez pas nos livres ! » qui leur ont été confisquées et ont été détruites par des hommes armés. Ceux-ci ont justifié l’intervention musclée par le fait que les manifestantes n’avaient pas demandé la permission de tenir un tel rassemblement.

La Croix-Rouge internationale demande environ 38 millions de dollars américains pour continuer de fournir des services d’urgence sous forme de cliniques de santé et de soutien aux besoins de base dans 16 provinces afghanes.

Alexander Matheou a tenu une conférence de presse à Kaboul au lendemain de la sortie du porte-parole des Nations unies, Stéphane Dujarric, qui implorait les États donateurs à accélérer le versement de l’aide d’urgence promise de 606 millions $. À peine 22 % des fonds auraient été reçus pour aider quelque 11 millions d’Afghans à traverser l’année.

Depuis que les talibans ont repris le pouvoir par la force en Afghanistan, à la mi-août, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont suspendu les transferts de fonds au gouvernement afghan. Les États-Unis ont aussi gelé les milliards d’actifs de la Banque centrale d’Afghanistan détenus dans des comptes américains.

Le directeur de la Croix-Rouge appelle la communauté internationale à rendre certaines liquidités disponibles afin que l’État puisse payer ses fonctionnaires et rétablir des services essentiels comme l’électricité et l’eau potable.

L’aide internationale couvrait auparavant près de 75 % des dépenses publiques du pays selon un rapport de la Banque mondiale.

Les coupes dans les soins de santé seulement ont entraîné la fermeture de 2500 établissements et ont la perte de rémunération de 20 000 employés, dont 7000 femmes.