(Washington) Les ministres américains des Affaires étrangères et de la Défense, Antony Blinken et Lloyd Austin, ont tenté en mars de convaincre Joe Biden de prolonger la présence militaire des États-Unis en Afghanistan, mais le président a refusé, selon un livre à paraître mardi prochain.

Le 46e président des États-Unis était déterminé à mettre fin à la plus longue guerre de son pays, et son secrétaire d’État était initialement « raccord avec Biden pour un retrait total », rapportent les journalistes du Washington Post Bob Woodward et Robert Costa dans leur ouvrage intitulé Péril, selon de nouveaux extraits rendus publics notamment par la chaîne CNN.

Mais après une réunion avec les alliés de l’OTAN à Bruxelles en mars, Antony Blinken a changé sa recommandation, proposant de « prolonger la mission avec des militaires américains pendant un certain temps, pour voir si cela pouvait favoriser une résolution politique » entre belligérants afghans, écrivent-ils. En gros, « gagner du temps pour les négociations ».

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Le secrétaire d’État Antony Blinken, lors d’une conférence de presse en marge d’une réunion de l’OTAN à Bruxelles, en Belgique, le 23 mars 2021.

Selon les auteurs, Antony Blinken a appelé Joe Biden depuis Bruxelles pour lui dire que les ministres de l’OTAN demandaient tous que le retrait américain soit conditionné à des progrès dans le processus de paix.

Les pays de l’Alliance atlantique n’ont, pour certains, pas caché leurs réserves face au retrait total décidé par l’ex-président américain Donald Trump et confirmé finalement par Joe Biden.

Lors d’une audition parlementaire, Antony Blinken avait affirmé lundi avoir « relayé » au président ce qu’il avait « entendu » de la part des membres de l’OTAN, pour qu’il le « prenne en considération » lors de sa propre décision. « Chacun a apporté son point de vue », mais au final « tous ont unanimement soutenu l’idée que nous partirions ensemble », a expliqué le secrétaire d’État.

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Des marines américains et des soldats allemands postés à un des points d’entrée de l’aéroport de Kaboul le 28 août 2021. Lors d’une rencontre de l’OTAN à Bruxelles le 23 mars 2021, les pays européens de l’OTAN présents en Afghanistan souhaitaient reporter le retrait du pays. Mais au final « tous ont unanimement soutenu l’idée que nous partirions ensemble », a expliqué le secrétaire d’État.

Interrogé mercredi par l’AFP, le département d’État s’est borné à renvoyer vers ces déclarations.

Toujours en mars, Lloyd Austin a aussi formulé une nouvelle proposition de retrait échelonné en trois ou quatre étapes, pour permettre à Washington de faire pression sur les négociateurs afghans, selon le livre.

Mais Joe Biden a refusé de suivre ces recommandations, par crainte de rester embourbé en Afghanistan.

Mi-avril, le président démocrate annonce donc qu’il a décidé de retirer toutes les forces américaines du pays avant le 20e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, commis par le réseau Al-Qaïda alors implanté en Afghanistan sous le règne des talibans.

Mais ce retrait a viré au scénario catastrophe avec, avant même le départ du dernier soldat américain, l’effondrement des autorités afghanes pro-occidentales et le retour au pouvoir des talibans, chassés par l’intervention d’il y a vingt ans.