(Paris) L’UNESCO alerte sur les risques d’une « catastrophe générationnelle » en matière d’éducation en Afghanistan, jugeant que les « gains immenses » effectués dans ce domaine depuis 2001 sont « en danger » après le retour au pouvoir des talibans, dans un rapport publié vendredi.  

« Ce qui est en jeu, en Afghanistan, c’est la nécessité absolue de préserver les avancées accomplies en matière d’éducation, en particulier pour les filles et les femmes », déclare Audrey Azoulay, directrice générale de cette agence de l’ONU basée à Paris, responsable de l’éducation, la science et la culture.

Dans ce rapport, l’UNESCO souligne que depuis 2001 « l’Afghanistan a fait de grands progrès en matière d’éducation » mais avertit que ces « gains immenses pour le développement du pays sont en danger » après la soudaine reprise du pouvoir en août par les talibans, qui avaient déjà imposé dans ce pays un régime fondamentaliste et brutal entre 1996 et 2001.  

« Nous nous devons de préserver le droit à l’éducation pour tous les étudiants, en particulier les filles, surtout face à la longue crise humanitaire qui se profile à l’horizon », exhorte l’UNESCO dans le communiqué accompagnant son rapport intitulé « Le Droit à l’éducation : ce qui se joue en Afghanistan ».

Depuis 20 ans, le « nombre total d’écoliers et étudiants inscrits est passé d’environ 1 million à 10 millions », souligne le rapport.

« Le nombre d’enseignants a augmenté de 58 %, et le taux d’alphabétisation des femmes a pratiquement doublé, passant de 17 à 30 % », relève le rapport, qualifiant de « particulièrement remarquables » les progrès faits en matière de scolarisation des filles.  

Mais pour l’UNESCO, les « défis pour le développement et l’éducation en Afghanistan restent colossaux ».  

Par ailleurs, « le nombre de personnes déplacées devrait augmenter, et avec lui le risque que les enfants ne puissent pas recevoir les apprentissages nécessaires : une catastrophe générationnelle qui affectera le développement du pays pour des années est à craindre », martèle l’organisation onusienne.  

Elle met aussi en garde contre les « conséquences importantes et immédiates » que pourrait avoir sur la continuité de l’éducation dans ce pays très pauvre la conjugaison « du manque de femmes enseignantes, des très bas salaires des professeurs et du retrait de l’aide internationale ».

Le mouvement islamiste des talibans a annoncé cette semaine son gouvernement de transition. Malgré les promesses d’ouverture de ces fondamentalistes, il ne comporte aucune femme et est surtout composé de cadres ultraconservateurs de la génération qui avait imposé le régime rigoriste entre 1996 et 2001.

Lors du premier passage au pouvoir du mouvement islamiste, la règle de la non-mixité avait empêché la quasi-totalité des femmes d’étudier.